#gestes&usages #05 | Sa main parcheminée

Cinq, six gars par terre, affalés en pleine course, mêlée, maillots maculés, emmêlés, blancs, rouges, sortir, vite ; où, le ballon ? Se tortiller, s’extraire du méli-mélo, bras, torse, jambes, prendre appui… sur un coude, sur un dos étendu, retrouver ses marques, remettre ça, repartir, courir. Un rouge, debout, bras tendu, agrippe la main, le maillot blanc, sourire, rien de cassé. Dans trente secondes, chacun pour soi.

Arrivée de la plus jeune, elle est « sur un tournage », – raconte nous !-. Elle a récupéré des fringues, ouvre un sac, sort des pulls, un chemisier, des jeans. – c’est revendu cinq Euros pièce – Passent dans la pièce voisine, essayage, pouffent de rire, reviennent, marchent comme des mannequins, d’un geste du bras, rejettent leurs cheveux en arrière, font demi-tour, regards dans le vide, sûres d’elles.

Dans le square, à l’ombre de la cathédrale, des projecteurs sont installés, toute une équipe s’affaire autour d’un couple, on va tourner, clap, silence, moteur, une scène d’amour, les mains se saisissent, les visages se rapprochent, encore, les bouches se parlent, se soudent. Au loin, la pointe du petit jardin, un enfant en shorts s’approche du banc vert, s’incline, tend la main à une femme âgée vêtue de blanc.

Sa bouche posée sur le dos de la main parcheminée.

Il n’aime pas vraiment ce geste que lui a enseigné sa mère, il préfèrerait courir vers ces gens aux rites mystérieux, simples silhouettes dans l’attente de quelque chose. Cependant, la dame anglaise le remercie, l’invite à partager le banc ; il aime son parfum, son visage couronné d’une tresse, il se laisse aller contre son corps chaud, échappant au bras de sa mère qui doucement l’entoure.

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