(in the sea)

sans boussole corps en chien de fusil reprend conscience maman tu entends sur table de nuit maman titre le carnet crapauds clapotent dort la petite morte costume noir le fiancé chaussures vernies nourrice me coiffe au jardin la limace laisse une trace vautours de loin nous regardent roses fleuriront avec leurs épines bague à ton doigt glissée bruits de pas la voix plume grise fine pointe ventre bombé de profil capuchon à flèche avance la vague te plaque contre le rocher t’emporte au large roule dans le sable tu te seras redressée mais une autre te rabat une autre vague te prend dans le ressac écume rompt la suite des instants souffle coupé les images jeune nageur sauvera ta sandale pend la carcasse d’un bœuf jeune femme dans la pénombre cahier d’écolière tu écris d’une main lente entre tes jambes odeur de l’animal ferme sur son cheval le prince m’enlèvera relire les mots sur la page effacer des mots sur la page relire mots restés effacer d’autres mots d’autres mots encore maman regarde silence des yeux juste avant mourir maman dit j’ai attendu quand je t’ai attendue la couverture a des trous la mer est instable tête sous lampe silence brouille les cartes glissée bague à ton doigt je t’ai désirée maman dirait la voix s’agrippe au souvenir (in the sea) elle dort la petite morte le fiancé porte costume et chaussures vernies nourrice me coiffe vautours de loin regardent ils discutent du prix tu deviendrais menthe sauvage l’amante glissa une pierre dans sa poche sombra ne pas se baigner quand on vient de manger branches de l’acacia contre le bleu céruléen du vent agite son feuillage pleut autour du tronc jet d’eau au centre du jardin la main de maman me tient elle me tient ma maman tient à moi j’essuie mes yeux mes joues la couverture a des trous la mer est instable tête dans mes bras embryon de maison le carnet rouge titre maman le lire corps lové dans le lit même mots & phrases biffés les lire c’est maman qui manque maman petite et ronde la maman fait pleurer ronde lancinante d’être en vie l’enfant perd sa sandale au bord de la mer l’enfant abandonne des roses fleuriront d’une plume lente tire le fil ouvrir le paysage maman baleine sur la mer béret blanc j’ai 6 ans l’animal l’attrape le lance il atterrit dans la rigole au retour de l’école une ruelle au bout la maison la glycine ange-gardien absent mamaman tablier blanc sur robe noire pour le service mamaman sait tout faire c’est ma boniche elle nous conte des histoires

A propos de Marie Sagaie-Douve

Voir Le Chasseur abstrait