#comme | Je te tire comme la lumière des phares

Je te tire comme de l’oubli, tu faisais tapisserie, tu faisais rien, non ? 
Je te tire de l’obscurité où ta classe sociale t’a jetée
Je te tire comme un lapin, proie facile
Je te tire comme un lopin, pas comme une terre promise
Je te tire comme mon petit lot sur cette terre
Je te tire comme le bon numéro, la chance me sourit
Je te tire comme le pompon 

Je te tire comme à la fête foraine, en rigolant, sous le regard des copains, en m’y reprenant à deux ou trois fois, en accusant la carabine
Je te tire comme un boulet rouge, je suis lourd, ouais, je sais, t’as un peu peur
Je te tire comme un pigeon : pull !
Je te tire comme ça, vite fait, par réflexe
Je te tire comme un vol à l’étalage

Je te tire comme un avantage, bien maigre
Je te tire comme les rois, un peu fier quand même, couronne en carton doré, c’est moi qui t’ai eue
Je te tire pas comme des conséquences, ni comme un enseignement

Je te tire, t’as vu ?, je vise bien.
Je t’étire, tu sens ?, je t’étire comme du verre de Murano pour t’oublier ensuite sur l’étagère où tu prendras la poussière. 
Je t’étire comme un vieux chewing-gum. Je te rêvais élastique.
Je t’étire en position du tireur couché. Je te mets en joue. Ferme-la. Je te remets en jeu.

A propos de Stéphanie Ruffier

Enseigne le théâtre par ci ou par là. Hante les festivals de théâtre de rue. Voyage dans l'esprit "j'irai dormir chez vous" : rencontre ceux et celles qui ont connu la Falaise des Fous, qui déambulent, qui défendent l'art en espace public...

4 commentaires à propos de “#comme | Je te tire comme la lumière des phares”

  1. Bonjour Stéphanie,
    Votre texte est percutant, c’est le moins qu’on puisse dire ! Entre malaise et jubilation, il dérange et c’est bien, avec beaucoup de sous-texte.
    Le dernier paragraphe me semble installer une rupture où l’on vous suit un peu moins cependant.
    Merci pour cette belle entrée dans votre univers aujourd’hui.
    Cat

    • Oh merci Catherine pour votre retour, surtout sur ce dernier paragraphe qui effectivement catapulte ailleurs de façon un peu brutale, à la Ma(n)chette. J’y reviendrai sans doute grâce à votre regard. Bonne journée !