La rose

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Bouton rouge serré puis fleur épanouie d’un rouge éclatant rose rouge symbole plus que fleur velours rouge lie de vin pourpre ombres d’un violet profond nervures blanches fines ourlets roulés foncés pétales enserrés imbriqués enchevêtrées enlacées recourbées s’ouvrant lentement au soleil à la rosée, à la pluie perlés de larmes embrassés par la brise du matin fleur d’Aphrodite fleur cliché symbole de l’amour passion

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Rose, Rosa Rosae, fleur du rosier, famille des Rosacées, reine des fleurs, célébrée depuis l’Antiquité par de nombreux poètes, star des parcs et des jardins, rose dont le nom serait d’origine sémitique ou arabe ou sanskrit, puis du grec ou du perse, de l’araméen ou de l’indo-européen, cultivée en Chine, en Perse, en Grèce depuis des milliers d’années. Ramenée chez nous par les croisés, rose de Damas et rose de Provins, rose beauté, rose amour. Les dictionnaires ne tarissent pas de détails et d’éloges.

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Senteur capiteuse de la rose épicée cannelle girofle fruitée suave entêtante enivrante saveur douce des pétales sur la langue, eau de rose pour la santé, essence de rose pour l’humeur, liqueur de rose pour la gourmandise, cuisine de rose sirop beignets miel de rose confiture trivial une fleur de l’amour transformée en confiture, elle se vengera par ses épines, blessée et blessante

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Epanouie étiolée fanée pétales tombés éparpillés sur le sol sur la terre d’accueil ou cueillis avec soin séchés dans un panier embaumant une chambre dans un pot-pourri de senteurs – pot-pourri –  drôle de nom pour des diffuseurs de parfums délicieux odeur de roses et de lavande mélange de fleurs séchées pâlies étrécies recroquevillées traces odorantes reflets pâles d’une rose pleine de vie

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Ma rose, mon amie, ma mémoire, mon remontant, rouge passion, tendre velours, larmes de bonheur, je t’admire au jardin, jour après jour, te caresse des yeux en passant, te laisse vivre ta vie jusqu’au bout, au milieu des marguerites et des lavandes, pleurant l’été qui s’enfuit et le temps qui passe. Et je me souviens d’un bouquet rouge sur une robe blanche…d’une couronne tressée de roses sombres pour une âme chère, disparue…d’une rue jonchée de pétales roses et rouges pour une fête de printemps…et je me souviens d’une fleur cueillie le matin par mon amoureux sur un rosier plein d’épines et offerte par une main tendre et égratignée. En fin de saison je cueille la dernière rose rouge dressée sur la tige raide et fière aux feuilles dentelées d’un vert cru luisant parmi d’autres verts plus discrets, je la cueille avec de fins ciseaux, ma dernière rose, je te prends avec moi, tu me tiens compagnie, glissée dans un vase en cristal, soliflore, pour qu’on ne voie que toi, pour que tu illumines mon espace. Et puis, à la fin, il n’y a plus que ton parfum resté vivant dans un flacon de verre ciselé, parfum réconfortant, cordial puissant, fleur d’amour, fleur tendresse.

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A propos de Monika Espinasse

Originaire de Vienne en Autriche. Vit en Lozère. A réalisé des traductions. Aime la poésie, les nouvelles, les romans, même les romans policiers. Ecrit depuis longtemps dans le cadre des Ateliers du déluge. Est devenue accro aux ateliers de François Bon. A publié quelques nouvelles et poèmes, un manuscrit attend dans un tiroir. Aime jouer avec les mots, leur musique et l'esprit singulier de la langue française. Depuis peu, une envie de peindre, en particulier la technique des pastels. Récits de voyages pour retenir le temps. A découvert les potentiels du net depuis peu et essaie d’approfondir au fur et à mesure.

4 commentaires à propos de “La rose”

    • Merci, Danièle, je découvre votre commentaire avec du retard, j’aime bien les roses, même si chez moi elles ne sont pas si fières. Mais celle-là, l’unique du rosier, m’a ravie durant des semaines, du coup, j’ai osé l’écrire…

  1. OUIIII elle est là avec tous ses parfums, ses formes, son histoire aussi mais ça n’est pas une collection, une leçon, juste un éventail sensuel

    • Merci, Brigitte, très en retard, je découvre votre mot. Parfums, couleurs, douceur malgré les épines, j’aime les roses, même si ça semble un peu cliché…