La ville

Le serpent:

Un immense serpent bleu sombre, huilé ou clair suivant les jours au harnais de béton joyeux qui permet le passage d’une ville à l’autre. À gauche on rencontre de petites rues, de la rondeur, une place et une église. À droite, de l’autre côté du pont, la modernité se raconte avec des pointes vers le ciel et un stade tout neuf.

Rive gauche :

En bord d’eau le sol est plat et créé par l’homme. Le lisse répond silencieusement aux quelques rochers humides qui affleurent. Ailleurs des marches de pierres remontent, mais uniquement sur la rive gauche. Certaines ont été restaurées, sur d’autres au contraire le passé se raconte. Ici le temps glisse et chuchote.

Verrues :

Un élan vers le ciel, phallique. Il est bruyant et sent l’urine. Ça et là des mots écrits, ou de la musique qui gronde. Voici que des rideaux cachent et enjolivent faussement les fenêtres. C’est triste. Comme des maladies, de nombreuses verrues pointent. À quasi tous les étages. Verrues aux pistils métalliques et aveugles tournées vers un improbable satellite du ciel.

Balcon:

Sur ce balcon, une tige verte, timide et maladive, pousse. Elle se laisse surprendre par un arrosoir maladroit et trop généreux. Il est rouge, l’embout est comme une fleur de tournesol qui pisse. À côté la mère est excédée et fume. Une ligne d’eau s’enfuit et s’étire le long du mur pour aller mourir et s’éteindre sur le balcon de l’appartement B24 de la cité des Lilas.

Ronds :

Ronds les dessous de verre du bar de la place de l’hôtel de ville. Ronds les cailloux érodés par l’eau. Rondes les loupiotes de l’intérieur et rond l’oculus de l’extérieur de l’église. Ronds les Paris-Brest de la boulangerie. Ronds les poudriers de la parfumerie. Rondes les roues du vélo de l’homme qui passe sur l’ancien chemin de ronde.

4 commentaires à propos de “La ville”

  1. Ah que j’apprécie ces jeux de langue ! Images sensorielles prégnantes ; la peau de l’esprit en frémit.