« Love is a touch and not yet a touch » Salinger

; les petites choses ; les grandes choses ; elles font tenir les gens entre eux ; l’harmonie ; le moment unique et quotidien qui laisse place à la nuit sans que l’on s’en aperçoive ; des instants ; il s’agit de parenthèses, de gravures, de métamorphoses ; elles ne restent jamais ce qu’elles ont été, on les modifie, on les transforme et on les façonne ; on le sait depuis toujours, les sentiments sont ce qui compte et ce qui ne compte pas ; ils sont des corps avant d’être des mots, ils sont des joies avant d’être des rêves, ils sont des mains que l’on n’ose pas toucher et, quelques fois, pas même regarder ; ce ne sont pas des mains, ni les mains, mais ces mains ; celles qui font se lever nos yeux vers d’autres yeux ; on a toujours la tête un peu baissée pour commencer ; on a peur d’être surpris ; des mains lisses, sans artifices, des mains qui ont touché d’autres mains, des mains usées ; un ongle rongé, d’autres coupés ; peut-être pour jouer de la guitare ; mais ça vous ne le savez pas ; quelque chose en moi me dit que je suis seul, seul à connaître ce qu’est regarder une main ; personne d’autre le sait ; je suis le seul à ressentir ça ; personne d’autre ne l’a jamais ressenti ; ce sont ses mains ; je suis seul quand je suis seul, alors je suis le seul à aimer ;