#40 jours #prologue | Montreuil

Une girafe, ou plutôt une tête de girafe avec ses deux petites cornes duveteuses, au dessus d’une espèce de grand sourire. Le motif peint du long cou tacheté traverse en diagonale la porte grise du garage en bas du pavillon de banlieue. La girafe sourit discrètement dans cette rue peu passante, à sens unique. Elle occupe toute la surface de la porte. Ses dimensions attirent les regards, celui du badaud au moins.
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Je ne sais ce qu’il y a derrière cette porte peinte. Cette porte remarquable. Cette porte comme toute porte fermée ne donne rien à voir de ce qu’il y a derrière. Tout à supposer, tout à imaginer. Cette grosse tête de girafe peinte est tellement là pour attirer l’attention sur la porte comme limite, du public et du privé, du visible et du personnel. Une telle visibilité de cette belle tête de girafe, rue Molière à Montreuil, est-elle là pour faire oublier ce qu’il y a derrière? Je ne parviens pas à imaginer un simple garage pour voiture, moto ou vélo au rez-de-chaussée de ce pavillon de banlieue. Je n’ai jamais sonné à la porte d’entrée voisine de la maison, mais une girafe si insolite ne peut que dissimuler quelque chose, ouvrir elle, la porte à l’ailleurs. Que cache cette girafe, le saurais–je un jour ?

A propos de Pascale Sablonnières

photographe autrice et professeure dans une école d'arts plastiques, j'écris. j'écris, en lien ou pas avec des images, en lien ou pas avec des œuvres visuelles, ou avec ce qui se passe ou ne (se) passe pas. http://www.pascale-sablonnieres.fr/ https://montreuilsurpage.blogspot.com/ https://dungesteverslautre.blogspot.com/