#photofiction #08 | Le plus important n’est jamais écrit

Je rate toujours les panonceaux « prenez un ticket », de la poissonnerie à l’hôpital en passant par la poste ou IKEA, c’est pourtant écrit qu’il faut prendre un ticket. C’est pareil au cimetière, je ne trouve pas ce que je cherche, un peu d’histoire des morts. Un patronyme, deux dates (parfois pour les femmes née chose ou épouse machin) ou même dans sa 103e année (c’est rare et ça dit des choses). C’est pareil sur les monuments aux morts, un nom, un prénom, plus rarement un âge et le lieu de leur disparition. 21 ans Clonchery-sur-suippe (51), 22 ans Crète des éparges (55). Le non-dit, le non-écrit, est-ce que ça compte ? Pourquoi c’est caché ? Hugo Boss, tu vois Hugo Boss qui contribua à la production des uniformes militaires du troisième Reich, pourquoi c’est pas écrit (même en petit) sur les affiches. Oh il n’est pas le seul le docteur Rasurel dont on voit encore les publicités murales à l’entrée de mon village « la fibre triboélectrique » (personne ne se souvient) lui aussi a fourni l’afrika korps. Qu’est-ce que ça peut faire ? Ils ont créé des emplois et le passé c’est le passé. Il y a plein d’autres choses qu’on écrit en tout petit comme sur les panneaux d’affichage communaux, les déclarations d’urbanisme, les demandes de permis de construire et les avis délivrés, les comptes-rendus des conseils municipaux. Sur les panneaux d’affichage lumineux, on annonce la date du spectacle à la salle municipale, la foire d’automne ou la braderie de l’association des parents d’élèves, jamais la date du conseil municipal. La communication n’est pas l’information me répète-t-on. Tu dois devenir une citoyenne active qui cherche l’information. Cherche, fouine, déniche, tu aimes ça, ça entretient tes capacités cognitives. Je ne suis pas sensible à la créativité des logos, des polices, des slogans des marques, ce que je préfère c’est le DEFENSE D’AFFICHER peint au pochoir par l’employé municipal ou le menu écrit à la craie sur l’ardoise du café de la mairie. Aujourd’hui 25 octobre 2022, le plat du jour, c’est Chili con carne 11,50 € (je pense qu’on peut avoir des œufs mayonnaise en entrée si on les demande, c’est pour toi Piero)

A propos de Danièle Godard-Livet

Raconteuse d'histoires et faiseuse d'images, j'aime écrire et aider les autres à mettre en mots leurs projets (photographique, généalogique ou scientifique...et que sais-je encore). J'ai publié quelques livres (avec ou sans photo) en vente sur amazon ou sur demande à l'auteur. Je tiens un blog intermittent sur www.lesmotsjustes.org et j'ai même une chaîne YouTube où je poste qq réalisations débutantes. Voir son site les mots justes .

9 commentaires à propos de “#photofiction #08 | Le plus important n’est jamais écrit”

  1. Choisir ses mots, ceux qui sont écrits en grand, en petit ou pas du tout. Au final, c’est bien ce choix qui raconte, plus que les mots eux-mêmes (un peu confus, désolé)

  2. Merci Danielle, je pense au livre d’Éric Vuillard l’ordre du jour, comment les industriels allemands ont répondu au demande d’indemnisation des juifs après la guerre, j’étais sidéré.

  3. Merci à toi !! (si j’y passe, j’en commande un (je connais – virtuellement – l’endroit…) – il y en aura certainement un demi de plus) (il y a aussi l’hypocrisie des assureurs, par exemple, ou d’autres entrepreneurs (au cinéma disons) qui ont parfaitement fait écrire par leurs services juridiques ces clauses illisibles cependant – et qui les ressortiront le cas échéant…) – et ainsi que Laurent Stratos, j’ai pensé à ce livre d’Éric Vuillard…

  4. Bonjour Danièle
    La communication n’est pas l’information, tu as tout à fait raison de nous le dire et de nous le rappeler ! Un grand merci !

  5. « la communication n’est pas l’information » Merci Danièle de me remettre les pieds sur terre. ( le DEFENSE D’AFFICHER un appel à rêverie et transgression).

  6. Ah oui tellement Danièle, et les mots porteurs des traces de l’histoire, heureusement tes mots nous les rappellent Danièle. Et puis si vraie, cette envie de murs en friche, pour ne plus laisser l’oeil musarder sur ce qui le piège et le cloisonne.
    Bravo pour « défense d’afficher », comme défense d’hurler au visage