#photofictions #01 | MM2022

sur le trottoir James Haspiel and the Monroe six, 1955, page 249 j’en suis là. 424 pages, un livre de photos sans images. Aucune idée du mode de fabrication, sept ans on me dit ça m’étonne pas parce que c’est tellement de regards, de trouvailles, de réflexion. Dire une photo par un lieu et un nom de photographe. Sur tweeter il y a quelques années toutes les semaines une photo —de moi toujours inconnue— nouvelle mais où trouviez vous ça j’ai même pensé que c’était fabriqué, photomonté. Alors vous me direz, les photos de celle-là, on les connait toutes, suffit de dire un nom et hop l’image est là. Ben non et c’est ça le miracle. Ça doit se passer tous les jours des millions de fois dans le monde : décrire une photographie avec des mots, des sons, la montrer à un·e non voyant·e. Enlever entre le réel et elle/lui cet écran niepcéen, le traduire — réduire ou enrichir. Au bout du compte, y aura-t-il toujours une image serait-elle mentale, besoin de recréer une image pour voir le réel Et 100, 200 photographies, comment ça se passe Est ce que je peux voir des photos sans voir les photos, racontant ce qu’il y a dessus, faire comme ça un livre de photos un livre plein de photos sans rectangles sans à plats de noir de gris de couleurs seulement des signes typographiques des racontars de l’écriture du bavardage des impressions un avis personnel sur ce que moi je vois et ce que toi tu vas devoir imaginer à partir de mes mots traduits en caractères typo ? Je ne supprime pas l’écran niepcéen, je rajoute une couche d’imaginaire, d’injonction à l’imaginaire. Qui, quel manteau, dans quelle position, sur le trottoir d’en face il y avait catherine deneuve elle était seule elle avait un manteau de fourrure si j’avais pris la photo ça la rendrait présente tu l’aurais en face de toi ça te prouverait que j’ai vu catherine deneuve que j’ai eu un instant de complicité avec elle mais je n’ai pas osé elle n’a jamais existé alors je te la raconte. Ou alors c’est un reportage sur le tournage des Misfits Gary Cooper Montgomery Clift John Huston Elliot Erwitt, que d’hommes, et elle. Ça s’appelle Musée Marylin elle s’appelle Anne Savelli amoureuse tendre de Marylin. je ne la connaissais pas, je devine qu’elle est passée par ici et je suis sûr que le 5 septembre 2022 pour parler photographie, c’est elle dont il faut écouter les mots, pas les miens.

A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.

9 commentaires à propos de “#photofictions #01 | MM2022”

  1. Bonjour bernard
    Voir des photos sans voir les photos : voilà toute l’histoire.
    Merci beaucoup pour cette réflexion !

  2. « Est ce que je peux voir des photos sans voir les photos » où les tableaux et… c’est une belle question… est-ce que je peux voir avec les mots… il y a ce livre de Claude Esteban Soleil dans une pièce vide aucun des tableaux de Hopper n’y est reproduit … il y a ce livre qui vient de sortir Musée Marylin d’Anne Savelli … Merci Bernard

  3. J’ai hésité à l’évoquer! Une belle prouesse que ce livre. Un regard décalé qui ne demande pas de voir pour entendre.