#photofictions #01 | Vancouver, nuit

Surtout le silence. L’image séparée en deux. Je viens de pisser dans les chiottes les plus sales de ma vie. Un dessus, un dessous. Séparé par l’horizontal du dernier jour de la mer grise foncé. De l’autre côté c’est noir, l’espace d’avant l’image n’existe pas.  Pourtant, j’ai remonté le long de cet espace là avec eux. En silence, des lumières sont posées, dont partent des traits qui se prolongent vers le bas. Au loin en haut, si on regarde bien il y a une autre séparation, et je ne reviendrais jamais. La partie inférieure est la plus grande. Noire. Sombre, c’est elle qu’on voit d’abord.  Enfin c’est eux que j’ai d’abord vu. Il y a des taches de lumières là aussi. Elles ne font pas de traits, elles sont épaisses et bien localisées. J’ai un burger frites dans l’estomac mal passé, froid et une petite tache de lumière blanche à gauche, au centre, nostalgique, silencieuse. Dedans il y a un homme, jambes écartées.  En face, il y a la lumière rouge dans laquelle apparaissent plusieurs personnes, sombres et dispersées. La lumière rouge s’étale par terre, comme une tache qui se répand et va presque toucher le petit halo blanc. La fille qui danse n’est pas sur l’image. Elle est dans ma tête. Elle danse comme l’herbe furtive, éclairée par-dessous. Sans ça, on ne sait pas ce qui se déroule, derrière.

A propos de Line

De métier éducatrice auprès d'adolescents en difficulté. Depuis un an animatrice en atelier d'écriture ( DU animateur en atelier d'écriture Université AIx-Marseille 2019-2020) et porosité entre ces deux espaces là qui se mélangent quelque fois, parfois plus que je ne le crois.

5 commentaires à propos de “#photofictions #01 | Vancouver, nuit”

    • Je ne sais pas où je vais mais je suis emportée par le rythme des phrases, par l’affirmation du je…. je ne sais pas où je suis, un halo m’enveloppe, j’ai l’impression d’être dans un tableau de Hopper. J’aimerais que ça continue. Beaucoup aimé

  1. J’entends – si vous permettez un lien – il ne s’agit pas de coller une étiquette, mais j’ai pensé à l’univers de Bukowski (Les jours s’en vont comme des chevaux sauvages dans les collines). Avec des traversées ombrageuses, une contre-vie sans pitié et ses halos de lumière. Une atmosphère en peu de mot.

  2. Séparation, le dedans, le dehors, sur la photo, en dehors, au-dessus en dessous, le langage de la photo et le langage de celui qui la regarde étrangement mêlés pourtant, on se laisse porter en effet sans savoir où. C’est fluide et beau. Merci.

  3. Merci pour votre passage et vos lecture aiguisé, et la mise en lumière du processus d’écriture, merci pour la références aussi, jamais une étiquette mais une richesse à découvrir !