#carnets #prologue | sur et non à propos

Écrire sur… le lapsus délibéré de Régine Detambel, écrire sur le corps pour elle, la masseuse, écrire « sur » au lieu de « à propos » pour moi, volontairement délaisser « écrire à propos », quand « propos » serait socle trop volatil, écrire sur, écrire sûr aussi, qui affirme une main ferme et décidée, écrire sûr avec « sûr » au sens belge, ce goût dans la bouche qui veut dire acide, écrire sûr, écrire acide, écrire amer sur les carnets parfaits, et longtemps à les chercher, carnets tous identiques, simples, beaux et neutres, semblables, avec une inscription verticale discrète : « bibliothèque municipale de Lyon », carnets cartonnés et rigides comme on se suffit à soi-même, rendant tout support superflu, feuilles couleur papier recyclé sans ligne obligatoirement comme liberté chèrement gagnée, revendiquée, seize spirales doubles noires, et aussi n’utiliser que les pages de droite comme on s’affranchit et tout s’y écrira, et ce qui ne sera pas écriture ce sera sur celles de gauche, les rendez-vous médicaux quand on ne sait où les noter, les croquis au stylo plume, écrire sur, les notes de Zoom, les ateliers à donner, l’ordre de route du manuscrit en cours remis à jour et jamais suivi, celui du blog, de la chaîne YouTube, de la page Facebook,  avec un élastique noir qui ne sert que pour enserrer ce qui a déjà été rempli, parce que lui, le carnet, reste replié mais ouvert, main tendue pour écrire à même, qui ne se ferme que pour garder le secret. Un idéal longtemps cherché et aujourd’hui en faire des provisions. Rêve d’eux formant une série mathématique qui ne finit qu’à l’infini.