SOL 1

que tes écailles soient en plancher en carrelage en rosbif étalé à la cantine du self service en splatch c’est égal tu souris quand plus personne ne te marche dessus tu es triste de ne servir à rien ou presque rien mais presque rien c’est comme rien ça vaut pas le coup c’est grand chagrin le sol de la gare de Pantin en vacances d’été où il n’y plus que quelques enfants aux joues rouges qui volent un peu trop haut pour toi mon ami de dessin animé immense comme un sol qui glisse pas désolé je peux pas faire mieux je suis pas plus méchant ni plus gentil que ça je suis pas différent de moi-même désolé de me présenter avec ma nature si habituelle si fidèle à moi-même sans hauts ni bas extraordinaires si plat comme un sol de chantier et des ouvriers qui s’emmerdent ils ont beau lire cinquante fois la marque du ciment et tenter de rêver à l’environnement merde c’est déjà trop usé et sec heureusement que si je fais un malaise je dors à plat tu es bien frais ce que jamais aucun coussin chez moi ne m’a offert tu me l’offres la plus grande existence n’a jamais foulé aucun sol et aucun sol n’a jamais foulé de ses pieds un sol car il n’y en a pas car tu es invisible et si j’enlève invisible il y a l’agitation du rien ferme les yeux c’est noir ouvre les yeux les enfants se demandent s’ils ressentent la même chose en même temps oui que dis-tu de ça pourtant au fond de la piscine municipale tu n’y crois pas toi ô sol aquatique de la piscine municipale tu n’y crois pas à l’eau à ces grains de sable qui te balayent aux pieds qui raisonnent sourd quand tu dors toi un fossile absent à tout jamais l’immobilier n’a pas de valeur pour toi tu es là depuis si longtemps la mort en bâtiments noirs n’a pas de prise sur toi cette nuit je cherche ton lieu d’élégie dis moi ton centre où je frappe du pied frappe frappe du pied le macadam quelqu’un sort la tête par la fenêtre dans la rue il me voit sauter sur une jambe puis deux puis une puis deux n’entends-tu rien de la semelle de mes chaussures mes reebook actuelles et mes paires passées les adidas les nike les nike beaucoup de nike j’aime les nike parce que sous la peau épaisse de ton revêtement je le sais sous la terre qui exhale l’humidité je le sais par les reflets brillants du macadam je le sais par tous les détails infiniment aveugles détails microscopiques je le sais la rumeur s’est propagée cette nuit je le sais trop de choses à dire je le sais mon doudou tu me parles dans ton sommeil souterrain je le sais je peux entendre ta voix de balourd me retourne la tête tout prend un sens évident transparent en rêve c’est la télépathie je le sais il en faut des gens endormis qui puissent entendre ce que tu dis dans ton sommeil parce que sous ta peau il y a des aventures je sais comme se déchirer la tête au sol par exemple mon cousin m’a raconté son accident de scooter quand son cerveau s’est splatché sur le macadam toi comme Isabelle Huppert l’actrice à l’air inexpressif au possible au tempérament dur grave comme si aucun cœur n’était assez sensible pour toi et le tien encore moins comme s’il n’y avait rien de plus et rien de moins que ce que l’on vit désespérément ou avec espoir c’est comme tu veux je m’en fous les médecins en techniciens à l’air inexpressif le conduisent dans la chambre opératoire et lui muet ne comprend pas pourquoi les techniciens sont si techniques dans un hôpital où il est lui si muet et à l’envers c’est le moment où il croit à l’existence de son âme parait-il qu’on place dans les hôpitaux des machines invisibles comme des anti-rats qui produisent des fréquences qui font croire à l’âme petit à petit la machine archange piège et fait croire que l’âme est de plus en plus vraie la fréquence des ondes augmente jusqu’à ce que l’on soit super content de mourir puis c’est un lit que l’on libère le chat de l’hôpital caché dessous voit les pieds des infirmiers qui évacuent le corps son âme oui je m’aventure en des domaines d’évangélisation nouvelle où plus rien d’autre que l’amour ne fait loi dans les imaginaires terminaux la régression ultime allez tenons nous par la main son âme oui de laquelle il n’a jamais su quoi faire enfin elle le porte comme un cadavre porté par un chariot à roulette lui qui n’a jamais su quoi faire de sa vie enfin porté toi le sol tu l’as vu toi passer au dessus de toi comme un brancard volant non identifié déjà depuis la création de l’univers jamais tu n’aurais imaginé qu’il vive si longtemps il te fatiguait d’avance tu n’avais pas l’esprit au futur tu ne pensais pas à ses prochaines années tu le voyais comme un livre d’enfant qui bien plus tard ne serait jamais relu en toi descendent maintenant tous ses rêves toutes les significations de ses rêves perdent leurs mots et abreuvent la terre où vont les pleurs y a t-il un centre de la Terre gorgé d’eau non parait-il c’est de la lave en fusion rouge 

A propos de Michel Nonhnon

Bonjour à celui qui lit bonjour