transversales #02 | compressions

Être emprisonné, frayeur, jamais vaincue ? Le temps qu’il faut pour y arriver. Lui il peut, une seule phrase et il a fait barrage. Se rendre intouchable, se regarder de haut, de très haut. Son père déjà, son frère aussi avant lui, tant d’autres à côté de lui.

D’un enfermement à un autre, on va dans ce pays. Rien à déclarer il murmure trois fois, cinq fois. On n’est pas en Turquie pourtant. La nuit, comme on s’en sert, comme on la craint. L’humiliation amoche. il est des nuits comme celle-ci où tout s’enchaîne et tout se brise.

Une question d’âge, la quarantaine de l’une et celle de l’autre. L’une retrouve une passion ancienne, le vibrato le tremblement le tourbillon. Ce qui tilte entre eux deux, ce qui secoue et ce qui détruit. les sanglots d’une femme allongée par terre et son hurlement qui ne peut pas sortir.

Le dénuement absolu de ceux qui n’ont déjà pas beaucoup. De ceux qui le supportent, de ceux qui le choisissent. Neuf parias traversent une contrée peuplée de parias. La lèpre ne fait pas de cadeaux.

En cinq cent pages, passer en revue mais après coup la perte de l’autre. Vivre cinquante ans avec lui, et tout à coup l’abîme, le trou. La détestation du mot veuve. Ce brouillard cet aveuglement qui dure. Tenir jusqu’à ce soir, jusqu’à demain matin, faire semblant d’être debout. Qui voudrait bien me tenir en vie au moins un an. Ce n’est pas sérieux? Il n’y a plus de sens. Et toi-même qui te nargues. Tu vas continuer longtemps à rester comme ça?

2 commentaires à propos de “transversales #02 | compressions”

  1. où il est question de chiffres, de nombres, d’âges (et beaucoup plus)
    merci Simone pour ces compressions, en particulier sensible à ce petit bout ; « L’humiliation amoche. il est des nuits comme celle-ci où tout s’enchaîne et tout se brise. » qui résonne étrangement avec lectures, films et vie tout ça est très mêlé

  2. Merci, Alice pour ton commentaire, et le petit bout auquel tu es sensible. qui résonne avec lectures, films et vie dans ce transversales #2. encore plus vrai aujourd’hui. On ne va pas se laisser amocher, ni le peuple ukrainien, ni le peuple russe, ni nous. hein ?