transversales #02 | une semaine de compressions

Mardi 15 février

Elles sont quatre. Deux circassiennes. Deux danseuses. De part et d’autre de l’océan réunies sur un rectangle noir. Tour à tour duo, trio, quatuor. Les voix conversent. Il y est question de femmes poto-mitan, de places, de doutes, de lignes de failles et de lignes de forces tandis que les corps dansent et que les cerceaux tournent. Et que les larmes coulent.

Lundi 14 février

De l’arbre au sac de charbon, il faut du temps, tellement de temps. Et des gestes, tant de gestes.  Et encore et du temps et des gestes pour charger les sacs de charbon sur la bicyclette. Encore du temps et des pas pour acheminer les sacs de charbon à la ville. Où ça s’agite, ça trépide, ça corrompt, et ça marchande le temps, les gestes si chèrement payés à la sueur de son corps. Pour tenir, le charbonnier prie.

Dimanche 13 février

Une adolescente. Les démons du père. Le fantôme de la mère. Amour à mort dans une baraque délabrée à portée d’océan. Parce qu’il faudra se sauver. De la fureur du père. De sa propre folie, à force. Dans la besace : un grand-père – une prof qui se doute que quelque chose ne va pas – une enfant – Jacob – le grand tremblement de la nature.  Et au bout de l’histoire, un jardin.

Samedi 12 février

Fuite en avant d’un homme, quoiqu’en dise tous les autres, de désirs en désirs, envers et contre Dieu et la Morale. Prêt à consentir à tous les cynismes de la bonne société, pourvu qu’on le laisse, lui et ses désirs. A la fin, dans un grand fracas, l’ordre moral aura raison de lui. Heureusement, les imposteurs tomberont avec lui.

A propos de Émilie Marot

J'enseigne le français en lycée où j'essaie envers et contre tout de trouver du sens à mon métier. Heureusement, la littérature est là, indéfectible et plus que jamais nécessaire. Depuis trois ans, j'anime des ateliers d'écriture le mercredi après-midi avec une petite dizaine d'élèves volontaires de la seconde à la terminale. Une bulle d'oxygène !