# Nouvelles – Caroline Burgy

TABLE DES MATIERES

1 Du tiroir bibliothèque à la bibliothèque maison

2. Les librairies, lieux de gourmandises et de rencontres

Sans doute mon amour des histoires a t’il trouvé un ancrage à ce moment là…J’ai 10 ans, une jambe plâtrée suite à une chute à ski, ma mère partant au travail me laissait un tiroir de livres sur la chaise à proximité, première bibliothèque, le tiroir d’une petite commode, les livres d’histoire enfantine, se mêlaient à la Comtesse de Ségur, Enid Blyton ou encore Paul Jacques Bonzon, auteur aujourd’hui disparu et oublié.

Un peu plus tard, je me revois dans cette chambre d’hôpital, mû par l’impérative nécessité d’organiser une mini bibliothèque sur une petite étagère dans l’armoire blanche, 4/5 livres comme une conquête, un coin de territoire, d’intimité qui me rassurait et me faisait me sentir chez moi.

Les livres se multipliant, mon père m’a construite ma première bibliothèque montants et étagères en bois, installée dans ma chambre d’adolescente, elle encadrait mon lit, les auteurs d’alors sont proches, là encore des compagnons qui m’entrainent vers d’autres lieux, « d’autres vies que la mienne ». Si les livres jeunesse avaient disparu, sans doute que Le club des cinq a côtoyé pendant quelques temps encore, les auteurs que je découvrais alors, Zola, Prévert, dont les poèmes sonnaient à mes oreilles comme autant de promesses de liberté, les récits de juifs édités dans le reader’s digest auxquels ma mère était abonnée et qui étaient rangés dans une armoire, pas de bibliothèque à l’époque, dans la maison de mes parents, j’ai eu la première. Oui, je rangeais, classais, j’organisais ma bibliothèque mais surtout l’appétit était sans fin, une histoire en appelait une autre, un auteur aimé et tous ses ouvrages devaient être lus, la bibliothèque de l’école venant compléter cette soif face à l’absence d’argent pour les acquérir.

Déménager une bibliothèque, ranger, classer, emballer, mettre en carton, en choisir des pas trop grands, soupeser, scotcher, écrire livres de cuisine, romans, livres de psychologie, de sociologie, de montagne, de voyages sur les cartons, imaginer gagner du temps, porter, trimballer, monter, déballer, redécouvrir, investir dans une nouvelle bibliothèque, montants en acier et étagères en bois clair, et au fur et à mesure des années, multiplier les endroits pour ranger, tenter de les retrouver… (petit clin d’oeil à Perec)

Dans ma maison d’aujourd’hui, les livres de poche de ma jeunesse se sont retrouvés un temps, dans une étagère à chaussettes de magasin avant d’avoir les pages jaunies par les années et être mis au rebuts ! Se séparer des livres parce qu’ils sont usés, qu’il y en a trop, à l’image de l’ami de Perec, en fixer un nombre, se dire un temps, qu’on en rachètera plus, qu’on les empruntera à la bibliothèque, illusion d’un jour, tentative impossible à tenir pour celle qui aime quoi ? les auteurs, les textes, les mots, les histoires ?

Aujourd’hui, plusieurs bibliothèques occupent les pièces de ma maison, celle qui a remplacé l’ancienne, un mur entier dans la salon, un étagère pour les livres théoriques sur l’éducation, en lien avec mon ancien métier, s’en séparer un jour… un bout avec les témoignages, récits des juifs d’après guerre, marquants ma jeunesse, Semprun, Milena, Robert Anselme et les autres, à transmettre. La littérature bien sûr, omniprésente, classée par auteurs, des femmes nombreuses, Ernaux, Enquist, De Vigan, Duras, Oates, Maylis de Kerangal, Alice Ferney, Nancy Huston… qui disent des rencontres, des époques, qui m’ont chaque fois emmenées avec elle dans leur monde… Perché sur la plus haute étagère un beau livre, une biographie, le visage de Camus en couverture, plus bas, Vivian Maier, la photographe, plus loin, les livres d’arts, de voyages, livres de montagne qui sont ceux de mon compagnon de vie, bibliothèque partagée

Ailleurs des polars, découverts plus tard, grâce à Vargas qui m’a ouvert à cette littérature parfois décriée, des photos, des images, des céramiques, autant d’objets qui entourent d’un joyeux bric à brac ces livres auxquels je suis attachée, oui c’est bien ça, attachée, liée, accrochée comme à des amarres.

Et je suis là assise à ma table de bureau, espace privilégié, lumineux, et très proche cette petite bibliothèque réalisé avec des cubes de couleurs dans lesquels j’ai tenté un classement, voir en écrivant si ça fonctionne :

Il y a celui du bas qui contient tous les livres qui font référence aux ateliers d’écriture, il y a celui dont les livres mêlent écriture et photos, il y a celui avec un bout de la collection Décapages, celui qui dégorge de livres en lien avec des propositions testées, celui qui regroupe les auteurs qui parlent de leur rapport à l’écriture, tout en haut mes carnets d’écriture, encore un cube avec des auteurs points d’appui aux propositions, des livres sur la lecture, je m’y retrouve mais sans doute qu’il n’y a que moi pour m’y retrouver…

2. Les librairies, lieux de gourmandises et de rencontres

BIZET, non pas Georges, la librairie, place de la Réunion, oui sur la place qui réunit, lie et relie, les badauds qui se promènent et déambulent, une petite maison à colombages, à trois étages, créé en 1906. Je me souviens adolescente, les cours terminés le vendredi à 16h nous filions chercher le dernier livre cité par la prof de français avant d’aller déguster une pâtisserie dans un salon de thé à proximité, gourmandise et lecture liées. Son avant dernier propriétaire l’a transmise à l’âge de 80 ans, aujourd’hui, elle a été déplacée un peu plus loin pour cause de travaux de rénovation. En attente de découvrir comment cette vieille bâtisse fera preuve de modernité tout en gardant son âme.

47°NORD, autant que les librairies, j’ai toujours aimé les noms qu’elles portent, celle ci situé dans un espace couvert, nommé Maison Engelmann, imprimeur célèbre de la fin du 18ème, né dans la ville, un espace qui unit, réunit, un caviste, une pâtisserie, un vendeur de mets italiens, un café/bistrot, se poser à une table, un livre à découvrir en dégustant quelques douceurs salées ou sucrées au gré des envies du moment. Je me souviens de la dernière fois où j’y suis allée pour acquérir, le livre d’Alberto Manguel, absent des rayons, je le commande, je regarde les rayons cherchant le livre du jour, tombe sur une nouvelle collection « Secrets d’écriture », la vendeuse attentive, conviviale mais ne perdant pas le nord, me loue le dernier livre d’Alba Donati, La librairie sur la colline, une histoire de librairie. Je reste toujours étonnée de ces rencontres avec un auteur au moment opportun dans nos vies…

TROPISMES dans la galerie des Princes à Bruxelles, édifié en 1847, un lieu chargé d’histoires au propre comme au figuré. Un méandre de pièces qui s’enfilent, passant de la littérature enfantine à la poésie, de la littérature aux écrivains voyageurs, un couloir, des escaliers qui montent et qui descendent, vers un espace spécialisé dans les humanités, la cuisine, l’écologie et l’environnement ne sont pas en reste…Je me souviens de ce jour, où je découvre un petit carnet (une autre de mes passions), un peu original, qui se déplie, un carnet objet, c’est le dernier, la vendeuse me dit qu’elle ne peut pas le vendre, lisant sans doute ma déception sur mon visage, elle me l’offre ! En sortant, une petite visite dans les boutiques à proximité, pour un petit chocolat belge qui viendra en complément des trouvailles du jour.

A propos de Caroline Burgy

Lire, écrire, faire écrire, trois mots, marqueurs de ma vie, animatrice d'ateliers d'écriture, ils ont jalonné ma vie depuis quelques années, des rencontres avec quelques passeurs m’ont donné l’occasion de soutenir cette place avec les autres. Marguerite Duras écrivait "l'écriture c'est l'inconnu. Avant d'écrire on ne sait pas ce qu'on va écrire..." sans doute suis je portée par cette part d'inconnu à découvrir au fil du temps...

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