CARNETS DE NOVEMBRE

CARNET#40

Un alignement devant un mur, une comptine, quelque chose qui en s’approchant de cet objet prend du sens  parce qu’on marche vers, parce qu’on cherche à comprendre, le sens d’une vision, parce qu’au départ cela intrigue, parce que c’est une surprise, parce que c’est encore peuplé de quelque chose et ce quelque chose c’est peut-être un récit mais – si on ne le sait pas encore,  un contenant qui pourrait servir plus tard, quelque chose de trop grand pour nous qu’on n’ose pas cueillir des yeux… quelque chose qui nous fait signe, peu importe quoi d’ailleurs, ce qui nous appelle à avancer vers, à projeter, que l’on ne croit pas être pour soi. C’est ce pour soi qui est important, ce petit trésor, ce miracle cette merveille : un présent du soir qui tombe, un poème entre chien et loup, pour le loup : on dit « convoquer ses souvenirs », c’est-à-dire reconstruire, le bruit du pas dans le sentier, sa respiration, le monde tout autour. L’objet secret, le mystère, ce qui ne se dévoile que pour soi dans l’entre-deux du jour tombant. Ou bien le contour d’un personnage, – une tonalité de gris dominant, un personnage en train d’essayer d’exister sur une toile dejà bien avancée, un personnage dont l’auteur cherche lui-même les contours, le personnage ne nous regarde pas, il est assis , il est resté dans la mémoire comme étant « La dame assise ». Cette dame a disparu, je n’ai pu la garder – elle s’est envolée dans d’autres mains… Et au fait, ses mains ? Y avait-il une difficulté à peindre ces mains ? quelque chose présentait une difficulté et il me demandait :  et comme ceci ? / et non! pas plutôt comme cela ? / Qu’est-ce que je voyais….. ?

CARNET#39

Drôle se rendez-vous  : un être étrange et qui n’a pas de nom, une nuit sans lune, une présence fantomatique – à se mettre à croire  aux revenants. On aurait dit qu’il avait pris chair. Une ombre que je vois si je vois l’invisible. Encore plus obscur que la nuit. Plus secret que le secret lui même. Retourne toi. Évite le . Fait semblant de ne pas le voir . Quoi : le Secret! le Grand Secret est là,  il s’est incarné, venu ME visiter. Même pas peur. Le secret : voir au travers. S’il y à voir : Tractatus ou pas. Tractations oui! Avec l’invisible encore, enfin ça ressemble à Faust ça ! Mais qu’est-c’est ? Je suis athée 

A T H E E . mais…enfin!!!! Ça s’oppose :  il n’ y a pas de grand secret… Va dans le cabinet secret d’Umberto Ecco… Tu auras quelques visites à faire! (Lui dis-je) Voilà du secret… 

CARNET#38

Association : traversée des illusoires associations. Le miroir du rêve – le rêve dans le miroir déformant des réalités obscures.  

Comique : un bref instant et c’est l’éclat de rire . Soudain . Puis endormissement.

Flou : le rendu est flou. Essayer de faire la mise au point comme avec un appareil photo mais impossible . Rester sur le flou. 

Par cœur : le rythme seulement de quelque-chose ou début de rengaine .

Prémonition : peut prendre rétrospectivement l’allure d’un oracle. Mais il faut encore tordre le cou aux interprétations fallacieuses.

Puzzle : le  jour même, puzzle du jour ou  deux éléments venus d’autre part. Ce qui rend l’Insoutenable étrangeté : le mélange du jour et une image une pensée qui se fraie un chemin comme elle peut.

Ressemblance : des visages peuvent ressembler à d’autres visages mais ne perdent pas leurs caractéristiques.

Surgissement : un souvenir déguisé, quelque-chose qui veut se dire. Qui ne trouve rien à dire qui veut juste. Animal guettant sa proie prêt à bondir. Énergie entravée.

Temps : l’inconscient n’ a pas de temps : vertige des temps futur passé présent en bloc cubiste . Ton inconscient n’ a pas de temps. C’est pourquoi tu parles des choses passées tu les dit les redit encore et encore.

Lorsque nous parlons, nos 2 inconscients ignorent ensemble le temps. Que sera demain : on y trouvera la conséquence de cette /ignorance/ paradoxalement aussi /savoir/. 

CARNET#37

École primaire , : José-Maria de Heredia un espagnol. Les bords me semblent toujours aussi mystérieux.. Je ne connaissais pas le monde occidental, il me voilait ses mystères. Je me souviens d’ apprentissage appliqué. Je me souviens d’avoir appris par cœur je me souviens de l’avoir récité : le temps de la récitation. Je me souviens d’un décalage entre une fillette et ces capitaines , ces matelots. Les sonorités les vents Alizés… En Zé allitération ou assonance  

De Heredia aussi comme le prolongement du poème. Ce n’ est pas exactement exotique mais le prolongement du voyage. Les conquistadors ; comme cette histoire n’ a pas de fin et revient telle une ritournelle, sentinelle ou phare des questions d’aujourd’hui. En attendant Rimbaud et son bateau ivre. 

CARNET#36

Ouverture de l’ordinateur, du portable, chercher le logiciel de note, respiration, le café, la cuisine : les éléments de cuisine, une façon de faire, puis une autre, un papier, un stylo noter, faire des listes, cocher quand c’est terminé, maintenir le rythme ou au contraire le calmer, chercher à apaiser ce mental, lutter contre le temps, installer plusieurs horloges bien visibles, lire des articles, la presse, regarder des dizaines de documentaires ( 10 sur la guerre froide) pas de notes, pas le temps, avancer, équiper, lire des résumés de livres, lire les pages culture d’un journal, ne plus les lire, les relire, regarder les archives, chercher dans les archives, retrouver les documentaires vus, des activités chronophages, refaire une note, refaire un résumé, réapprendre un texte, les courses : faire un drive, ne pas en faire : les courses : le mardi ou le soir à 18h ? essayer. Ecrire des messages, répondre aux messages (pas beaucoup) imaginer un trajet, faire des recoupements, essayer naïvement un gadget vanté pour nous simplifier la vie, le gadget connecté tombe en panne, envisager la domotique, écouter sur you tube un documentaire de vulgarisation sur la physique quantique, faire des scénarios de fin du monde, suposer la fin du monde, évacuer cette idée de fin du monde, se voir en espèce en voie de disparition, constater que tout ne serait qu’illusion, ( Bouddha) les routines envisagées sous l’angle des 4 éléments, pour simplifier, aller tout de suite au vital, regarder les  pages modes d’un magazine, prendre des photos projets : photographier le m^me lieu depuis le m^me point de vue pendant le temps qu’il faut aux mêmes heures, et noter les différences de lumière, en faire un album, l’album pourrait être sans fin, lire des manuels de recherche d’information, lire pas chaque jour en poème, préparer une pile, ranger la pile à l’horizontale sur l’étagère, ne pas finir le livre, reprendre le livre, les notes écrites sur le livre 10 ans plus tard,t rouver ça curieux, y trouver une certaine épaisseur avec le recul, le sens y venant déposé par les années, ou bien rien, pourquoi y a-t-il du sens et non pas plutôt rien, il n’y a rien il ne se passe rien et pourtant tout arrive comme l’observateur qui s’oôte du chemin, s’affermir, et continuer.

Carnet#34 une petite voix

Un road trip c’est parti pour une virée rock’n’roll Roll sur route dans la montagne mais une petite voix me dit : tu vas où comme ça…soit il me faut la bande son / quelques images ou bien des textes . Je tombe hier sur un enregistrement de Blaise Cendrars enfermé dans la photothèque de la RTF « Rythme et bruit du monde » impressionnant …. ça ferait une histoire sur chaque bruit et rythme ? On entend une histoire – de cycles ….

Carnet#35 la panne l’embrouille

Le nom sur le bout de la langue c’est oui c’eesst…je vois très bien très bien d’ailleurs / j’avais mis au point tout un système mnémotechnique à base de chiffre / j’ai caché le nom dans le chiffre comme une étiquette, il n’y a rien faire c’est gravé… J’ai relus un passage du « Nom sur le bout de la langue » de Pascal Quignard. C’est au sujet du langage..

CARNET#33

Mental agité – image de la mer – passé force 5 – On ne sent plus la mer – il n’y a aucune visibilité sur rien. J’ai « La parole en archipel » de René Char : « Tyrannie sans delta que jamais midi n’illumine’ cela ressemble au haïku que le maître zen dit pour provoquer le vide cela porte un nom… une sorte de stupéfaction- bien sûr c’est sorti du contexte et bien sûr le sens est différent dans le contexte.

 Mais ça ne fait pas le tout. Chercher dans un livre ou  la méditation pour se reconnecter avec soi même puisqu’il semble qu’on le soit en partie – déconnecté – faire le vide : aujourd’hui en méditation, il fallait laisser l’observateur – qu’on est – et quitter le chemin. J’ai dû arrêter la séance car la vie appelle. J’ai quitté le chemin sans trop comprendre … on verra je me suis dit – et là j’ouvre la proposition de François et je lis ‘Le vide’ . Alors… En expérimentation…elle dit : ne plus chercher le devenir..la parole en archipel ça me parle comme image . La géographie et les écrits. Voir un paragraphe en géographe. Entre les archipels il y a le vide…

 Les vides donnent au plein quelque-chose . Ils les font exister.

CARNET#32

Il est posté sur la terrasse, il regarde dans ma direction , c’est quelqu’un qui revient peut-être, d’une exploration maritime. Elle revient m’envoie son parfum, il revient sur les ailes d’un papillon. Sur la montagne un jour de tonnerre. Il cherche sa tribu. Il chante un chant indien d’Amérique du nord, un chant africain, s’il est là, il est tous ces chants dans la nature vivante qu’il ne cesse d’arpenter solitaire ,errant sans but mélancolique . Mélancolique regrettant la splendeur des cimes. Rêvassant à l’enchantement du monde, peut être sur une ruine à Tipasa, visitant Angkor, ou le temple d’Apollon à Délos, sur le nez d’une statue, sur l’aile de l’ange Gabriel de l’Annonciation de Fra Angelico. Il plane comme plane le doute, pèlerin infatigable, chercheur impénitent, ouvreur de route sans boussole. C’est aussi peut-être toi-même ?

CARNET#30

Un homme est retrouvé sur la commune en forêt un sac poubelle sur la tête, un tuyau dans la bouche et une bonbonne de gaz non loin. Le corps avait commencé à être attaqué par les bêtes. Les autorités compétentes n’ont pas pu identifier le corps. Des questions se posent : comment un homme seul a t-il pu transporter une bonbonne de gaz plus volumineuse qu’une bonbonne classique? La mort remonte à combien de temps? Aucun véhicule n’a été retrouvé. Aucun papier d’identité. Aucune disparition n’a été signalée.

CARNET#29

Je n’aurai pas dû : passer ce temps à faire autre chose que ce que j’avais prévu de faire : chaque moment a été l’occasion de regarder autre chose et d’écouter autre chose de sentir … et finalement le retard pris dans cet objectif se creuse, et finalement le tout la globalité de ceci qui est mon espace de vie s’est transformé en champs plein de choses d’autres choses j’avais prévu que la fin d’après midi ne pourrait pas rassembler à quoique ce soit et que ça tienne ensemble, ça m’a l’air de fragments épars , la musique au lieu du travail écrit ou de la lecture, d’ailleurs aurais-je dû prévoir ces lectures, toutes ces lectures entassées maintenant sur la table matériellement ou dématérialisée sur la tablette kindle ? Je n’aurai pas dû me couper de la nature non plus aujourd’hui j’aurai dû me plonger dans son mystère aller marcher, j’ai peut-être évité quelque chose. Je n’aurai pas dû laisser s’entasser comme ça cette montagne à soulever, je n’aurai pas dû…

CARNET #28

Comment qu’est-il arrivé plaît-il comment je ne sais pas, j’ai eu un pressentiment mais si que s’est- il passé je vois l’homme devant dans une voiture quelqu’un s’approche à pied de la voiture ne bouge pas reste dans la voiture ne bouge pas les couleurs la somme des couleurs fait du blanc les arbres noircissant avec le coucher du soleil la transparence de l’air Oiseau je n’ai pas la même conscience des arbres l’effet qu’ils ont sur ma conscience selon que l’oiseau piaille ou non seulement prendre conscience de ce qu’il y a là être attentif aux changements même infinitésimal de la lumière, des sons et la mer forme un miroir triangle qui reflète la lumière la diffracte. J’y reviens plusieurs fois étant attentive conscience respiration pas plus

CARNET#27

Un trajet en voiture, un peu de précipitation à cause d’un horaire à tenir, des rendez-vous,  les comédien.n.e.s ont déjà commencé, je me faufile et film avec mon Androïd. Il posa ses vêtements prés du poêle. Il s’étira et alluma une cigarette. Le poêle commençait à répandre sa chaleur. Il voyait la flamme s’agiter dans la petite lucarne. Le couvercle en fonte reposait bien sur le socle. Il étendit les jambes, le buste incliné en arrière. Il ferma les yeux, les ombres persistaient dans sa rétine, le feu le berçait tout doucement, les ombres commencèrent à glisser les unes sur les autres, son manteau accroché sur la paterne de bois, le parquet crissait un peu dés qu’il bougeait sur son fauteuil. Il évita le moindre mouvement et laissa le silence l’envelopper comme une seconde peau, un second manteau. Il avait bu un verre de schnaps. Le lendemain aucun feu ne brûlait. Il avait fermé les yeux et semblait dormir. Sur les étagères, des œuvres et sur la table un manuscrit : « K » resta planter là….  »

CARNET#26

Elles – assises face à face – une jambe – puis l’autre. Si les chevilles assurent la rotation du haut en bas, rotation autour de l’axe de la jambe. Elles scannent l’anatomie l’ossature os après os – os cunéiforme latéral – métatarse – phalange – articulations – essayer de repérer les ligaments – rajouter les nerfs- talons – muscles – chaque zone pour un organe – ces pieds prennent beaucoup de place – le sang irrigue – pieds par terre nus ,- perçoivent le sol – être en contact avec le sol – avant ils avaient une personnalité – ils pouvaient s’exprimer seul – il n’y a qu’à laisser aller. Ils pouvaient se consulter pour décider le chemin à prendre? Je ne sais pas ….Elles jouaient à ça quand elles étaient très jeune – ils ont perdu cette faculté quand il a fallu les discipliner- 

CARNET#24

Attente d’une heure précise fermeture d’une porte ou d’un sas derrière soit . Une zone entre deux un passage d’attente entre deux frontière. Boire un soda presque un rituel. Toujours le même. Regardez autour de soi combien sont-ils à attendre aussi. Voir très vite ces’ visages, ces corps, leur valise , le réflexe de vérifier son pass pour embarquer. Marcher longuement dans les couloirs . Encore une façon d’attendre. Chaque façon d’attendre voulant dire quelque-chose . Mais ce quelque chose ne se dira que plus tard, finira par se comprendre après. C’est là. Une fois embarqué, quand on sera de l’autre côté. Après. On attend encore en relevant la tablette on ne cesse d’attendre en faisant mine de rien. C’est la même attente. On reprend un soda.

CARNET#23

Une serre de 20 mètres sur le côté gauche / des rangées de carreaux 3 dans la hauteur / 30 rangées approximativement un pin, un petit portail, encore une portail en bois blanc / derrière une autre serre / une vasque /un portail à l’entré surmonté d’une voûte indiquant une rupture de rythme / de l’autre côté du portail : intemporel, un autre ordre /6 lettres / 2 pins, l’un légèrement plus court que l’autre / un arbre / un bâtiment rectangle blanc /une colline / 2 enfants jouant sur le parking / un éclairage de ville. Une symphonie : la numéro 3 / une fréquence 102.70 une heure : 17h46, une lumière d’une habitation, une coordonnée latitude : 7.11°, une coordonnée longitude : 43.72° Quelques battements de cœurs (10), une ombre du pin sur la serre. 

CARNET#21

Geste dérisoire pour changer le réel : c’est une question posée souvent … Changer un élément du décor : transporter une plante de l’Extérieur vers l’Intérieur pour qu’elle passe l’hiver … Stop.autre rdv…qui changera le réel?

CARNET#20

On sonne, l’interphone interpelle un week-end. Le ciel est gris- c’est important pour la suite se dit-elle distraitement en répondant de monter. Elle monte, l’ascenseur s’ouvre, la porte est déjà entrebâillée : elle rentre un sac en toile de jute assez volumineux qu’elle pose par terre . Elle fait le tour de la pièce des yeux et constate la pénombre du jour gris et l’air vainqueur se saisit d’une touffe dans le sac. Elle la regarde incrédule. Elle prend à pleine main cet objet mou et rugueux à la fois et commence sa démonstration. Elle s’attaque d’abord à la table du salon, puis au pied de  lampe et se met à astiquer ce qui lui tombe sous la main. Elle laisse faire, mi-rigolarde,  mi intéressée. Qu’est-ce que cela ? cela porte un nom c’est …je l’ai sur bout la langue….de la ferraille pour nettoyer à sec. Elle en sort une bobine assez conséquente et enfin annonce le prix : c’est 10 euros la bobine, 30 euros les 4 bobines. Elle entrevoit les bénéfices pour les casseroles, la plaque chauffante. Un moment d’hésitation, mais elle tend la main pour évaluer la marchandise : c’est en effet légèrement rugueux mais tendre tout de même, quelle affaire ! Elle demande quatre  bobines et elle sort un  billet de dix euros et un de vingt euros qu’elle lui tend triomphalement. La vendeuse ambulante sans va sans remord laissant l’acheteuse mi pressée de commencer à récurer.. mi convaincue que ce type de produit ne se trouvant nulle part ailleurs, ce genre de remède de grand-mère et bien les 30 euros, ça le vaut bien.

CARNET#19

Tu as vu la posture?  /devant l’écran/
– Oui – On peut passer par là ? – Oui – Ça te parle? – Oui – Tiens Simon – Le château qui ….tant pis – Quelle journée as-tu eu? – orangé, quelle couleur, ça va trés bien là – Mais de très beaux très beaux chênes – La nuit va tomber – Dormir marcher manger- je me  suis fait surprendre par la neige – on dirait une armoire – qu’est-ce qu’il est devenu? Les instituteurs – il attend quelqu’un ? Il fait les cent pas, il a froid? – Je vais te chercher tout ça.- La chanson, le tir à l’arc. Une chanteuse d’opéra : et on m’a demandé ce que ça fait de chanter sans micro !

CARNET#18

Le chemin vers Klamm ? demanda Frieda. Vers Klamm bien sûr, vers quoi sinon ? dit K. Puis il se redressa d’un bond : – Maintenant il est grand temps d’aller chercher le déjeuner. De façon bien plus pressante que les circonstances ne l’exigeaient Frieda lui demanda de rester, comme si seul le fait de rester pouvait confirmer tout ce qu’il lui avait dit de consolant. Mais K. lui rappela l’instituteur, montra la porte qui pouvait à chaque instant s’ouvrir avec un bruit de tonnerre, il promit de venir tout de suite, elle n’avait même pas besoin de chauffer, il allait s’en occuper.

Dans la pièce principale, sur la table en bois, une lampe d’ordinateur branchée sur la prise USB de l’ordinateur à 17h30, soir tombant, silence dans la pièce . Extrait du « Château » de Franz Kafka, Livre Presses Pocket, traduction de Georges-Arthur Goldschmidt, titre original : das Schloss, 1984. Livre écorné sur le coin droit, une note manuscrite sur la dernière page «  le hasard est le sobriquet de la providence », une partie de phrase de Nicolas Chamfort au stylo à bille bleu, la fin de la phrase presque illisible : « quelque dévot disait que la providence est le nom de baptême du hasard »

CARNET#16

Pantalon à pinces, chemise floue, robe de fée, déguisements d’enfance, pull à col roulé, jupe à imprimé colorés imprimés fleuris, de grandes fleurs sombres , des cerisiers, des parkas grands parkas noires avec cagoules incorporé, épaisses chaudes, gants laine ou cuir ou simili, pull en laine avec des Zig Zag, des motifs l’air bien chaud en une laine épaisse, combinaison genre combi de cosmonaute, survêtements : pantalon et sweater : cagoule ou pas , différents types de blazer : veste bleue à rayure discrète et légère, blazer façon tweed, petite robe noire , veste tailleur noire, casquette à carreaux en toutes circonstances, Jean bleu noir, effilés-à-trous, délavé retoqué retapé avec fleurs cousues, ou coutures apparentes roses, vertes ou bleues électrique, dockside, blouson noir, veste de quart, pull marin, bottes, bottes en cuir en plastic tablier d’atelier, tablier de cuisine, le basic : le tee shirt col en V ou col rond, le pull à col roulé, la salopette, le bleu de travail, le vêtement de travail : la combi de chantier, le casque, le pantalon en cuir moulant…le Marcel… Le Marcel alors que le soir tombe ..

CARNET#14

Du haut d’un pont serpent reptiles d’acier soleil rouge. 18h du haut du pont ces carlingues d’acier lancées à 120. Ok on dira ou qu’elles surgissent d’un point abstrait comme de nulle part Elles sont des centaines – animalisées – elles n’ont plus s de couleurs à cette heure-ci. Carlingues indifférenciées. Elles formes une masse ..et la rumeur

Au cinéma , plusieurs personnages la caméra est fixe. Qu’est-ce que ça veut me dire ? Soleil vert soleil rouge et des anticipations apocalyptiques….flot de voitures fonçant… menaçante pour le climat…?

CARNET#12

Peuple de fantômes , ombres, formes parmi cela : qu’est-ce qui /veut/ être ?Qu’est-ce qui vraiment demande à /être/ ? Ils existeraient donc déjà, – assez – pour demander à leur auteur de vivre comme les personnages en quête d’auteur de Monsieur Pirandello ? Qu’ est-ce qui pourrait s’ébaucher, un paysage, des taches d’encres – des traces, des empreintes – pour former un monde… un lieu, une destination? Je viens de lire les lignes d’un poète lui-même abreuvé des poètes orientaux anciens, j’y lit quelque chose qui me parle : cette vocation de la trace, de l’empreinte interrogée par le poète, l’empreinte dans le désert, et cette interrogation perpétuelle pour ce qui fait sens : grisaille, et cœur battant devant la page blanche : l’Éternel ou l’éternel questionnement, en creux : l’absence…. De la toile de Cézanne ont surgi des pommes… Cézanne a-il peint des pommes ou l’absolu de la lumière ?

CARNET#11

J’avais 6 ans. J’avais confectionné une miniature : un petit livre de quelques pages – une dizaine –  format 6 * 4 cm. Avec une couverture rouge . J’avais plié mis une chaîne au milieu. Mon œuvre achevée, j’avais entrepris de le remplir. J’étais embêtée car j’avais bien vu que les pages des autres livres n’avaient pas été remplies /après/ l’assemblage mais bien /avant/. Devant ces pages minuscules blanches à carreau d’écolière, j’hésitais. A l’école, j’étais posée et appliquée. Mais là, devant tant de mystère insondable du Livre en train de se faire, je ne trouvais qu’ à passer en revue chaque membre de ma famille : et à tous, je trouvais une qualité particulière. Puis je cachais mon œuvre. Elle m’avait posé des soucis d’un ordre qui me dépassait : comment les mots arrivent-ils sur la page si quelqu’un ne les y a pas apporté ? Pourquoi cette distorsion entre les grands mots et la toute petite page. Sont-ils vrais si le livre est assemblé avant ..Le livre porte t-il une vérité ? Il ne s’écrivait dessus que trois mots .. mais je découvrais l’identité : sur chacune des pages ne s’écrit désormais que trois mots. Quel est ce grand mot? Ce grand Livre? Ce livre incluant tous les livres s’il existe.. et que raconte-t-il? Ce serait-il fou de l’imaginer? Ainsi je l’oubliais jusqu’à ce qu’elle soit exhumée par ma grand-mère qui – dans le salon et à huit clos m’en restitue oralement le contenu. Je l’écoutais sobrement, sans mot, je partais avec la miniature.

CARNET #10

Pendant que je fais la liste des ingrédients qu’il me faut, quelque-chose s’agite déjà au fond de la casserole.

Pendant que j’essaye cette méthode mnémotechnique, des sueurs froides m’envahissent.

Pendant que je lève le portable pour photographier le ciel, il a déjà changé et la photo ne ressemblera pas à celle prévue.

Pendant que je regarde son visage, ses traits si animés se modifient et j’oublie le début de sa phrase.

Pendant que je suis penchée sur ces lignes, des voitures passent dans la rue, le soir tombe, je rentrerai en allumant les phares, la fatigue de la journée et la contrainte du Pendant, les lumières s’allument pendant que j’écris ici, ils commencent à préparer le dîner, font des projets pour Noël.

Pendant que je bouge en inventant une danse elle me guide de sa voix. Je pense à des masques . Pendant que je relate cet exercice je pense que le masque irait bien : qu’on était des masques.

J’ai trouvé l’eau si claire et je m’ y suis baignée pendant que sur la plus haute branche un Rossignol chantait.

Pendant que je me prépare le café du matin,  je lis une page d’un écrivain qui prépare un café. Je relis le passage plus attentivement intriguée par la coïncidence. Pendant je bois mon café, il décrit son rituel du café, et l’art de préparer et de boire le café. Ce café l’aide à supporter les conditions dans lesquelles il essaye de survivre et il pense pendant qu’il prépare ce café à une chanson, à des poèmes car il est poète. 

CARNET#9

Ne pas s’attarder sur de mauvaises augures, des différents, des choses macabres , des enseignes illisibles, des fraîcheurs du soir innoportunes, des chants finissants sur trop de cimbales dans le noir, des navires naufragés, des ressources épuisées, des arbres carbonisés, des bilans carbones atomisés, des relevés atmosphériques tronqués, des étiquettes de produits frelatés, des tonnes de déchets atomiques entreposés, des oiseaux mazoutés, des chimpanzés assassinés…des radeaux à la dérive, des rideaux tirés, des yeux pas maquillés..

CARNET#8

Bennet Maden Boyce Billye Béal Ulysse centurie Emile Hugues 4-Chemins Drakkar La belle étoile Colonel Méyère Debussy Lulu Zoé Jojo Phiphi Domi

CARNET#7

|Visages souriants, mais de ces visages, un seul se découpe : elle aussi toujours souriante, et parfois, c’est comme une petite mécanique dans l’échange, on dirait dans ces échanges brefs  … un signe de tête, on croirait à une sorte de perfection, comme une scène de théâtre parfaitement au point. Plaisir, sans rien d’autre que le moment, il a des rides d’expression, plein de rides d’expression, un parchemin à lire, une vie, et bien campée, debout, décidée, à vivre, à être là, il respire la bonhomie. |Curiosité, regard bleu, vêtements colorés, joie, que ce passe -t-il derrière ce front, c’est sans histoire, sans signe de rien, une vie passe, je cherche à deviner son travail, souvent, je crois que j’ai lu quelque part, qu il s’installait aux terrasses, et cherchait à deviner les métiers des passants. Quelqu’un d’autre cherche à deviner leur maison….|le garçon assez jeune , apprenti dans une boulangerie, ou le fils de des patrons, blond, joyeux, même s’il se cogne, désolée, ouye !!!! |

CARNET#6

Il n’y a que moi qui ai remarqué qu’elle a un petit chariot de course avec imprimés, un chapeau de pluie, un par-dessus de pluie et des papiers à dessin format… Raisin
Il n’ y a que moi qui les voit transporter leur plaques lourdes et je cherche à savoir si c’est un écrivain : il a un jean qui tombe sous la taille.Celui qui marche avec un sac à dos sur l’épaule, comme si c’est déjà toute sa vie ? Il n’y a que moi qui voit des passants, ai envie de leur inventer une vie, mais quoi bon ? La vie d’ici-bas ne nous suffit pas ? et cet instant, cette marche pressée ou au contraire tranquille… je n’ose pas les déranger. Il n’y a que moi qui l’ai remarqué…

CARNET#5 / 14 novembre 2022

Morceau de ciels argentés gris chromatique

Sur une atmosphère immobile, immobilité du pendule plafond évanescent aucun vent ne vient libérer ses masses. Sans dérive planante indécise vague reflet science du temps aucun signe…que la Mer en Dedans 

Ailes bloc couleur du granit construction amoncellement une aile des lignes et maintenant un mouvement ils avancent vers l’ouest doucement troupeaux tranquilles / jouer à prendre l’arbre comme repère et chercher ce qu’ils « disent » en se contractant – en s’effilochent – en se dupliquant. On peut les voir poussés par une nécessité : chacune des mutations ténues obéirait-elle à un ordre …les molécules les vapeurs d’eau une mécanique immuable. Au-dessus de ma tête : le ciel éternel des Poètes, le même ciel au-dessus – il y a plusieurs millénaires des premiers humains : comment voyaient-ils le monde

Ils voyaient l’ombre de leur destinée ? Ils y lisaient comme on lit dans les lignes de la main ? Et au-delà des nuages … Ce que ce soir dévoilera : lune ici éclipse ailleurs ?

Ici moindre mouvement surgit la lumière derrière le blanc du ciel ombre portée du loin qu’ils rapportent. Trouées de bleu forme un isthme…

on pense hymne.

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CARNET#4 / 12 novembre 2022

Sans bord – Un lieu circulaire, dont les distances sont indéfinissables, dont les contours sont noyés dans les masses sombres, une porte, justement en pierre, des personnes affairées : elles parlent, elles regardent autour, ne regardent rien de précis, rentrer dans une ville ancienne, en passant d’abord par la rue principale, traverser cette ville une seule fois , ne pensant jamais y revenir, les souvenirs de ce moment : c’est une voiture  roulant au pas, un temps maussade, aucun personnage, et puis, plus tard / bien des années après / regarder autrement et faire en écrivant ces lignes des points de comparaison, retrouver des éléments épars, qui ressemblent à / sont similaires à telle autre situation, – comme par exemple, la posture assise dans la voiture, l’envers : passer par la rue principale / explorer les ruelles, choses que l’on pas noté, parce que choses qu’on pensait sans importance.

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CARNET#3 / 13 novembre 2022

 Centurie, le narrateur – et voir de « haut », surplomber, quoi ! le narrateur omniscient sort de son corps pour un voyage dans l’astral – [et retour], il a lu hier un paragraphe de Centurie, il sort d’un rêve, – éveillé, -l’éveillé et sans bord : « passion grandiose » ou « j’en ai ma dose » ?

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CARNET#2 / 11 novembre 2022

Un alignement devant un mur, une comptine, quelque chose qui en s’approchant de cet objet prend du sens  parce qu’on marche vers, parce qu’on cherche à comprendre, le sens d’une vision, parce qu’au départ cela intrigue, parce que c’est une surprise, parce que c’est encore peuplé de quelque chose et ce quelque chose c’est peut-être un récit mais – si on ne le sait pas encore,  un contenant qui pourrait servir plus tard, quelque chose de trop grand pour nous qu’on n’ose pas cueillir des yeux… quelque chose qui nous fait signe, peu importe quoi d’ailleurs, ce qui nous appelle à avancer vers, à projeter, que l’on ne croit pas être pour soi. C’est ce pour soi qui est important, ce petit trésor, ce miracle cette merveille : un présent du soir qui tombe, un poème entre chien et loup, pour le loup : on dit « convoquer ses souvenirs », c’est-à-dire reconstruire, le bruit du pas dans le sentier, sa respiration, le monde tout autour. L’objet secret, le mystère, ce qui ne se dévoile que pour soi dans l’entre deux du jour tombant. Ou bien le contour d’un personnage, – une tonalité de gris dominant, un personnage en train d’essayer d’exister sur une toile déjà bien avancée, un personnage dont l’auteur cherche lui-même les contours, le personnage ne nous regarde pas, il est assis , il est resté dans la mémoire comme étant « La dame assise ». Cette dame a disparue, je n’ai pu la garder – elle s’est envolée dans d’autres mains… Et au fait, ses mains ? Y avait-il une difficulté à peindre ces mains ? quelque chose présentait une difficulté et il me demandait :  et comme ceci ? / et non! pas plutôt comme cela ? / Qu’est-ce que je voyais….. 

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CARNET#1 / 10 NOVEMBRE 2022

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Pulsion et flux, les fruits dans la coupe entassés, la couleurs des fruits devant moi pendant que suis penchée sur le clavier, pas organisés, le flux parce que le regard se détourne tout de suite parce qu’il faut faire autre chose, flux musical à 8h – occupée –  flux de paroles, des recettes de choses qui font du bien avec ces fruits,  un peu plus tard à 10h, des détails des choses – toujours – s’arrêter ou pas à ces petites choses, ou bien attente d’une heure bien précise pour faire, défaire,  partir, conduire.