27 septembres

27 septembre 1935

Ils  se sont donnés  rendez-vous au parc de la Pépinière. La bague qu’elle porte à l’annulaire droit est en argent mais  le diamant est conséquent (comment a t-il trouvé l’argent pour un  tel bijou ?). La mère de la fiancée  regarde cette union d’un mauvais œil :  un militaire sans fortune avec une mère épicière dans un village de montagne,  épouser sa fille ….  il a beau être officier, il a beau avoir fait l’école de santé de Lyon,  être voué à une brillante carrière de médecin militaire, ce petit capitaine catholique lui   fera des enfants à tire-larigot. Adieu la fortune familiale  accumulée  petit à petit dans le commerce de grains : elle s’éparpillera entre de multiples héritiers.   

Ils se promènent dans l’allée centrale du parc ;  de chaque côté, les massifs sont bordés de petits arceaux de métal, les camélias en fleurs embaument.  Elle porte une robe blanche ceinturée à la taille  et des chaussures à brides, blanches également. ; elle est  légèrement plus grande que lui. L’ossature fine de son visage aux pommettes hautes, aux yeux bleu clair dessine un visage typiquement lorrain. On lui a déjà présenté un prétendant, un certain Henry Miller. Elle n’en veut pas.  Elle est amoureuse de   ce vosgien, râblais orphelin de père, pupille de la nation,  à qui l’uniforme fait une belle carrure. Il loge chez Madame Art, un peu plus loin dans la rue où elle habite avec ses parents. Il travaille beaucoup, rapporte Madame Art à sa mère, lorsqu’elles se rencontrent en voisines. La rue  se réjouit de la romance.

Je ne suis pas encore  dans les c… de mon futur père, ni d’ailleurs dans les ovaires de ma future mère. Avant moi, il y aura du monde : la grand-mère avait raison ; je serai la dernière de leur ribambelle d’enfants.

27 sept 2006

Voilà des années  que je traîne  cette relation  qui ne marche pas.  Comme ce vieux nounours que je n’arrive pas à jeter ; je ne me souviens pas du tout qu’il ait été mon nounours  mon doudou, mon objet transitionnel, ma consolation,  mon refuge. Je me souviens vaguement qu’il/elle avait avec lui un nounours plus petit, un enfant nounours. La paille dont il est bourré s’échappe ; J’ai déjà cousu une pièce à un pied, il  ne me reste  plus qu’à en coudre une deuxième sur  l’autre pied (commande de M.).  Mon nounours, objet sauvegardé de mon enfance oubliée, qui a bien  le pu sauvegarder au milieu de  tous les déménagements ? Qui a fait en sorte que nounours soit toujours du voyage ? Qui ?

27 septembre 2008

10 h du matin. Je reviens du parc.  Plaisir de cette nature dans la ville, les oies,  les poules d’eau, les canards, les ragondins, le magnifique cèdre du Liban,  les effluves fleuries d’un bosquet dont j’ignore le nom , quelquefois les odeurs fades de l’eau stagnante. Dans ces moments–là, je sais que ce sont mes enfants qui m’ont mise au monde.

Il y a des choses – des chôses-  trop difficiles parfois ; on a beau tourner autour, on ne fait que fabriquer des pelotes inextricables (souvenir de ma mère détricotant des pull-overs ; il fallait tendre les deux bras devant soi pour  mettre la laine en écheveau et ensuite on roulait le fil en pelote. Geste inconnu des enfants d’aujourd’hui, comme celui d’écosser des petits pois, d’équeuter les haricots verts),  les chôses trop compliquées,  ça ne peut rien donner de bon d’en être obsédé, de ne penser qu’à ça,  de revenir sans cesse à ça, alors, il faut lâcher – mais lâcher n’est pas simple, forcément, alors il faut « travailler à lâcher » – Lâcher, vivre sa vie. Etre au plus près de ce qu’on pense être bon pour soi, pour être en vie, être au monde le mieux possible.

27 septembre 2009

Il pleut. Beaucoup. Il fallait. Les pommiers d’amour étaient très desséchés. Soit ils manquent d’eau (je ne les ai pas arrosés) soit le chat a pris l’habitude de faire pipi là.

Cool ma fille, tout va bien. Ne t’inquiète donc pas comme ça. Non tu n’es pas tarte habillée comme ça, komsa. A. tellement mince et tellement chic et B. tellement mince et tellement chic genre jeune cadre grande distribution sur des talons hauts et C. je l’aime bien avec ses gros bijoux et ses clopes. Et moi et moi et moi, et toi et toi et toi, tu es très bien ainsi, don’t worry. Tout va bien. Avec tes nouveaux cheveux longs, ça va très bien. Tout va très bien. Tu es très bien. Ça va aller ma chérie ne t’en fais pas. ça va très bien ce passer cette réunion.

Hier encore, j’ai cédé à la fièvre acheteuse, alors que je suis spécialement fauchée ce mois-ci à cause des travaux. J’ai  acheté un pantalon de plus.

C’est ma deuxième vraie séance avec P. ; je ne compte pas les deux séances préparatoires qu’il m’a tout de même fait payer – d’ailleurs ce n’est peut-être pas un hasard si je n’ai parlé que d’argent. Cet homme ne sourit pas : un choix de posture ? ce n’est pas mal, on n’est pas là pour faire des simagrées, on n’est pas là pour plaire.

Ça peut être une très bonne piste pour moi, une bonne piste littéraire qu’une écriture à tiroirs et digressions à la Leiris avec tirets et parenthèses qui chercherait à rendre la complexité de la pensée (non, de la vie) où plusieurs éléments sont en cause simultanément.

A.  hospitalisée :

  • lime à ongles émeri longue
  • petit ciseau à ongles
  • labello
  • stick Vic inhalant
  • kleenex
  • socquettes coton 39
  • brosse à dents medium
  • 2 T-shirts coton manches longues (bleu ciel, jaune pâle) taille 2
  • cure-dents
  • dentifrice gencives (vademecum, sanogyl)

Dimanche 27 septembre 2015

Demain faire mon actualisation et rendez-vous téléphonique avec ma KK (Konseillère/Kommandantur) ;  malencontreusement à la même heure que mon yoga. Je n’y ai pas pensé à temps.

Dans une semaine M. sera à Berlin. Tout se passera bien pour elle. I know it. Aussi parce qu’elle a tout bien préparé.

Cette nuit, j’ai rêvé de deuil – et aussi vague rêve un peu érotique avec X., bizarrement, il était sous  l’eau et je me demandai comment il tenait sans respirer. Il est urgent de faire le deuil de X. et de la boîte aussi.

Mon job à venir serait bien : écrivain public mais l’administration me casse la baraque. Fouiller la possibilité de créer un asso fictive pour en être salariée.

Hier soir, soirée au théâtre. Great, la paëlla et tout. P. est un ami  adorable, no doubt about it. Il était arrivé avant moi, je l’ai vite repéré à sa  chemise à carreaux de couleur, genre chemise de cow-boy, qui ne lui allait pas du tout.  Quelle histoire, ses chemises … si seulement il ne les rentrait pas dans son jean à taille haute.

27 septembre 2017

Superbe séance de Yoga avec D. Ce matin m’est venue l’expression de « yoga ésotérique », « un yoga un peu ésotérique » pas mal, un peu snob  peut-être ; c’est beaucoup trop cher mais avec le système du carnet de dix séances, ça permet de modérer : une séance par mois par exemple ;

Demain X. vient manger : ce sera calamars/seiches/poivrons/ail/tomates/riz avec un poil de purée de piment ; entrée/apéro : carottes crues et saucisse sèche ;

Aujourd’hui, je me suis sentie joyeuse à chanter dans la voiture  L’eau vive  et  La non-demande en mariage.

R. est parti manger avec S. je ne m’attendais pas à cette soudaine soirée solitaire. D’habitude  j’aime bien ça, mais là, ça me prend un peu au dépourvu

M. n’est pas bien après ses trois jours à Novotel. Ces gens-là sont des chiens. Elle qui était si contente d’être embauchée, de travailler avec eux, comment se sont-ils débrouillés pour que quatre jours après, elle ait les larmes aux yeux. J’espère avoir réussi à la soutenir. Un mois d’essai, c’est pour eux et pour elle aussi. Peut-être saura t-elle après ça, qu’elle préfère bosser dans des structures plus petites où comme elle dit, elle maîtrise et comprend ce qu’elle fait.

L’automne installe sa palette. Ça sera bientôt magnifique.

4 commentaires à propos de “27 septembres”

  1. Jolie balade intergénérationnelle et dans l’ordinaire de nos vies.( KK est bien trouvé !) les petites choses et les grands drames cachés derrière…

  2. J’aime cette vie par petites touches sensibles et ces initiales qui disent les autres qui comptent. Du printemps à l’automne. La palette affective, si je puis dire, est très riche et les considérations pragmatiques (prix de la bague etc…) tout à fait rafraîchissantes. Merci Béatrice Dumont.