#40jours #04 | l’odyssée du chemin familier.



Approche lunaire, surface solide, lointaine, l’œil : immense. Cratères éparpillés, griffes d’animaux, bosses et trous, terre sèche, friable, granuleuse, presque blanche. On devine cependant des axes, directions, chemins millénaires tracés d’habitude, atavisme, emprunte migrante, transhumante. Surface minérale, presque argentée, traces sédimentaires liquides, lits sec de fleuves oubliés. Blocs de rocs en chaos éparpillés jusqu’à l’ouest ou commence le végétal, accolé, pilosité sur calvitie. Démarcation verticale du sud au nord, ligne courbe. Gauche : Herbes folles, épis en tous sens , troncs par dizaines jetés au sol, empilement désordonné. Droite : rocaille en derme de pachyderme. Devant, distorsion des formes, toile tissée, bleue, blanc, noir, gris, lumière, ombres mouvantes, tissue de veines, cœur, artères, fantasmagorie des formes, cornes de chèvres, tête de bouc, diableries, illusions. Territoire incertain, mystérieux sans direction ferme. Ciel ou sol, constellation, trou noir. Fantasmagories brouillent le sens. Plus aucunes ombres, sauf celles des reliefs, violets très clairs, tirant vers le bleu pâle, surface comme coulées de mercure durci. Désert stérile, infimes traces végétales, sans racines, mortes. Riff du nord au sud, roches éparpillées, concassées, comme montagne frottées à la paille de fer. Direction retrouvée sud nord. Matière semble mouvante bien qu’ immobile, grise, perles minuscules roulent sur elles mêmes, par milliers, comme sable volcanique, sables mouvants. Illusion. En son centre, horizontalement, longue trace noire. Charbon ou faille, profonde ou seulement noire. Entaille dans la peau de la ville, affleurement du sang pétrolifère. Horizon indéfini. Puissantes lignes de perspectives, soudain. Quatre : blanche, noire, blanche, noire. Blanche pâte épaisse, craquelées, sillonnée de micro motifs enchevêtrés comme rides. Maquillage, tribal, masque, langage crypté. Fleuves sombres, montagnes enneigés, crevassées. Illusion de profondeur. Lequel dessus, lequel dedans. Pont vers un au delà. Touché au but, enfin. Vaste surface rectangulaire, marron, rouillée, métal, rivée à la matière épiderme comme plaque de fer sur trépané. Immobile, indéboulonnable sur fleuve d’asphalte toujours en mouvement, par nature, nord sud, sud nord, est ouest, ouest est. Plaque rivée devant la porte de ma kiné. Je suis arrivé. Je laisse le fleuve continuer. Il est partout, il est le sol. Il se déroule tout autour de la terre. Il avance sans fin et les arbres s’arriment à lui par les racines.

A propos de Laurent Peyronnet

Depuis une vingtaine d’années, je partage mon temps entre le nord de la Scandinavie et la région lyonnaise où je réside. Je passe environ cinq mois sur douze sur les routes de Laponie ou j’exerce le métier de guide touristique et le reste du temps, j’essaye d’écrire. J’ai publié trois romans jeunesse, quelques nouvelles et contes. Je fais aussi un peu de musique et de dessin. Je n’ai pas de site internet mais vous trouverez l’actualité de mes romans jeunesse sur la page Facebook : "Magnus saga" J'anime également de façon intermittente la chaine Youtube « Quelque chose à vous lire » ; vous y trouverez actuellement une soixantaine de lectures vidéos dont : Raymond Carver ; Bob Dylan ; Joyce Carol Oates ; Selma Lagerlöf... et plus modestement, quelques uns de mes textes.

Un commentaire à propos de “#40jours #04 | l’odyssée du chemin familier.”

  1. Précision d’entomologiste, je suis soufflée! (mais les plaques ne sont pas indéboulonnables, des tas de gens les piquent, pour en faire quoi? c’est tout le mystère, je répands le bruit ici car il y en a de la plaque…)