#40 jours #18 | L’île

Ce retour au pays des vacances commence toujours par un début extraordinaire. Je traverse Marennes, je laisse les parkings où sont exposés les camping-cars à vendre, les entrepôts où sont stockés les bateaux de plaisance qui attendent l’été. J’arrive sur le pont, je découvre l’océan, je découvre la couleur du ciel dans sa couleur à lui. Je me rappelle qu’il y a des marées. Je roule sur l’océan, de nuit, cette une masse noire éclairée de bleu électrique, de jour je roule sur une eau marron ou sur une eau bleue de carte postale. La fin du pont est là, je suis sur l’île, je suis sur la terre. Les cabanes ostréicoles attendent le touriste, il y a aussi des distributeurs ouverts 24 h/24 h. Je passe quelques ronds-points, au dernier je tourne. Je roule pendant quinze kilomètres au cœur de l’île, puis je quitte la « nationale ». Je ne suis plus pressé, j’apprécie chaque virage, j’observe les détails. Je traverse quelques vignes, quelques champs, je m’approche de l’océan. J’arrive sur la route côtière, tout droit, une impasse, la plage. Je croise quelques cyclistes, puis quelques familles en maillot de bain et claquettes qui reviennent au camping après avoir dégusté une glace. C’est ici. Je descends de voiture, j’entends les vagues dans la nuit, quelquefois je sens l’odeur des algues que la marée a laissée à découvert. Ici je suis un peu différent. Je suis de passage, je suis allégé provisoirement. Tout est moins grave. Je ne suis pas très sérieux en tong et en tee-shirt. La vie traîne, j’essaie d’éviter les obligations, je me rebelle contre le quotidien qui pèse. Après quelques coups de soleil, ma peau bronze. Je plonge sous la surface, je renais.

A propos de Laurent Stratos

J'écris. Voir en ligne histoire du tas de sable.

3 commentaires à propos de “#40 jours #18 | L’île”

  1. Un retour où tout ce qui pèse s’abandonne au fil de la route, à chaque virage, pour qu’il ne reste plus que la légèreté.
    Un beau texte, Laurent !

  2. c’est vrai qu’on s’allège au fil des lignes et je me retrouve aussi dans cette approche de l’océan
    te suivre aujourd’hui encore, te lire et passer le pont avec toi…