#40 jours #33 | impossible de me rappeler

l’ip en toile de fond le protocole à la trace tes datas par paquets des bits des cookies d’accès à tes données protocole de communication en porte dérobée sur ton terminal codé aucune garantie à ta vie privée connexion encapsulée protocole des liens tracés tes empreintes sur l’adresse ip ton adresse email piratée ton numéro à double identification et mots de passe programmés à usage unique ton compte piraté toutes tes données le data center a brûlé, inquiétude

le mot qui se cherche qui cherche le mot qui manque la phrase qui manque mais c’est comment mais c’est qui comment elle s’appelle comme on dit mais je l’ai là mais si tu sais mais je viens de te dire complètement oublié tu te rappelles rappelle-toi on nous l’a dit c’était comment ce truc-là sa maladie le titre de la chanson la fille des impôts l’autre qui a appelé hier prénom de son fils c’était quoi son chien la marque qu’il fallait qu’est-ce qu’on a mangé à la soirée le vin tu te souviens l’artiste l’expo en juin il est où le post-it avec le numéro le nom de la personne le surgelé à ne pas consommer l’appli à télécharger le film l’actrice c’est qui le livre que je viens de lire impossible de me rappeler, inquiétude

sous la peau un point précis tu sens la douleur elle ferme son poing elle tourne la main la douleur elle irradie méfie-toi tu sens que ça pique fais gaffe ça gratte ça te ronge tu n’oses pas l’échographie palpation radiographie certainement pas un cancer biopsie paracétamol repos vers ta quatrième dose septième vague d’injection en injection encore en vie encore absent encore atteint encore pas bien encore en arrêt ça se répand vers l’inconnu puis ça touche des proches tu flippes qui est le prochain vous êtes sur la liste le prochain sur liste d’attente du jour au lendemain soudain très mal à la cuisse la jambe douloureuse la thrombose ça remonte ou ça passe de vie à trépas ou dans le bide tu agonises la cirrhose aucun rendez-vous avant pas de médecin aucune urgence pas dramatiser vous allez y passer il faudra bien vous allez bien faudra mourir de négligence ou d’indifférence diminué coupé du monde un pied dans la tombe et l’autre qui oscille la tête bien fragile les mots s’effacent l’enfance encore tenace les phrases dans le désordre les yeux vides la voix asphyxiée la démence a tout effacé plus rien ne plus recommencer une vie achevée là mais achevez-la régler les frais des voix automatiques contrefaites la cérémonie standard à déroulement certifié clôturer les comptes tout vider vendre un parent c’était une parente déjà loin un rien gêné plus grand-chose quelques bribes n’y pensons plus c’est fini c’était sa vie elle a fini comme ça on finit tous, inquiétude

pousse la porte battante paies dix balles entres dans la salle quelques plans de la fille elle dit au revoir à ses copines il fait noir elle est seule sur la route l’écran sous le nez visage bleuté on se le dit on sait en quelques secondes ce qui va se passer bien confortable dans le noir sous les doigts le duvet du siège devant quelques têtes qui dépassent – alors c’est quand – quand est-ce qu’elle y passe, elle va pas faire long feu tiens qu’est-ce que je disais surgit la cagoule l’homme masqué aux yeux exorbités il l’asperge d’eau non il allume il lui lance une flamme elle torche vivante, effroi

promène ton chien va au bout du chemin des langues inconnues croise des corps qui remuent voir la menace pas à sa place des dangers partout ici aucun témoin juste ton chien personne au secours juste un bonjour l’écho en retour, inquiétude

A propos de Michael Saludo

Vis, écris et travaille à Angoulême. J'anime des ateliers d'écriture en lien avec le cinéma.

2 commentaires à propos de “#40 jours #33 | impossible de me rappeler”

  1. Michael, tes versets sont poignants et très bien écrits.
    Un grand bravo et un grand merci !!