#40 jours #01 zéro un | caractères

il faudrait en choisir un au hasard, comment faire, six lignes aux dix huit ou vingt pavés – c’est une écriture blanche sur fond noir – le G est l’initiale du prénom de mon père – sur la place de la Convention, côté sud sous des arbres, ce devait être en soixante quinze ou quelque chose de ce genre, une formation afin d’apprendre la sténographie puis la dactylographie où je me trouvais être le seul type – que des filles – dans ma famille on avait pris des cours chez pigier – ça a été remplacé par des cours d’anglais place de la République et je ne m’aide que de mes deux majeurs depuis toujours – il faudrait s’entendre sur le toujours mais je ne compte pas, statistiquement il doit y en avoir six fois dix neuf soit cent quatorze (sans doute moins) – en huitième l’instituteur de la rue D. qui avait les yeux qui pleuraient et une Dauphine noire me faisait changer de place pour ne pas décourager les autres en calcul mental – on montrait son ardoise, il faisait oui de la tête – il y a aussi des chiffres, certes, et d’autres, bien d’autres possibilités que celle qu’on voit simplement d’un coup d’œil (l’e dans l’o en est un caché marqué d’un 2 central, extrême gauche cadre – on pourrait en faire une matrice et ce pavé-là aurait la cote (ou les coordonnées) 2.1) (il existe une manière de soupeser la valeur des peintres – et des peintresses, soyons charitables – qui se nomme Berzélius (non, c’est benezit) et il me semble bien – je m’égare mais n’importe – que les rues Elzévir et de ce nom-là (non plus, c’est Barbette) se côtoient en cette ville capitale – en son quatrième arrondissement probablement) (la cote des peintres est nommée benezit comme un nom commun et non du nom du chimiste Berzélius) (la rue Berzélius existe bien mais du côté des Épinettes (17) où vivait son costaud) – hier, dans l’appartement de la rue Nicolas Flamel, ceux du mac de mon frère étaient effacés, notamment la presque totalité de la ligne trois (encore que le clavier du mac ne soit pas nécessairement composé de ces six lignes pavées) (il ne portait pas de chaussettes et recherchait des papiers des idiomes des coordonnées – j’étais assis dans un des fauteuils d’Alexandre – dans la pièce aux deux (ou trois ?) fenêtres donnant sur la rue se tenaient deux canapés de forme bizarre (louis quelque chose ou napoléon d’autre chose, ce style, ces fioritures ornements feuilles ou autres circonvolutions imitant plus ou moins les nuages) l’un bleu nuit l’autre gris perle, plus deux fauteuils de facture moderne où on ne peut se tenir qu’avachi – je me souviens de cette photo de Marco Ferreri et Jean-Pierre Rassam allongés sans doute au georges vé comme disait Brel) (euh non c’était à l’autre de l’avenue Montaigne, Palais ou quelque chose j’ai oublié – le triangle d’or) (F. et sa femme y descendaient quand ils venaient à Paris faire des courses aux soldes) non, c’est un P (3.11) certes, mais pas celui de palais, celui de plaza (la chambre ne s’y négocie qu’à mille huit la nuit) – écartant la vision, incliné à quarante cinq degrés probablement, l’écran est blanc et les lettres s’y inscrivent à mesure que j’en conçois la teneur – derrière se trouve l’image de cette statue de plongeur qu’E. m’a offerte lorsqu’à Liège nous étions allés la voir – subsiste la reproduction de six centimètres de haut de la fusée d' »on a marché sur la Lune » rouge et blanche – rouge et noir était une chanson d’une femme brune, j’ai oublié (j’ajoute ici (car (re)découverte en prenant la photo) la petite figurine représentant un lion rapportée de Singapour par mon amie) – le mur est blanc (on a refait la pièce il y a deux ou trois ans, on a fait alterner le beige le grège l’ocre avec le blanc – le jaune pâle au dessus de la baie qui donne sur le balcon, la rue et si tu te penches à peine, vers ta gauche des arbres des arbres) c’est au troisième et il fait beau ce matin comme souvent en juin, en ce jour même où il y a bientôt quatorze lustres je vis, sous un autre ciel (mais non, il s’agit évidemment du même, allons) sur une autre plaque tectonique autre continent autres mœurs mais cette même langue cependant, je vis dis-je un jour dont je ne sais l’heure à laquelle j’ouvris ce que je ne savais pas (pensé-je à présent) être des yeux, les miens et les mêmes qui vont du blanc de l’écran (où elles s’inscrivent en noir) à celui des lettres, majuscules et blanches donc – et ce G (4.6) du presque milieu qui côtoie ce H (son nom qu’il m’a transmis en comporte deux) et le J. du prénom de son épouse

A propos de Piero Cohen-Hadria

(c'est plus facile avec les liens) la bio ça peut-être là : https://www.tierslivre.net/revue/spip.php?article625#nb10 et le site plutôt là : https://www.pendantleweekend.net/ les (*) réfèrent à des entrées (ou étiquettes) du blog pendant le week-end

10 commentaires à propos de “#40 jours #01 zéro un | caractères”

  1. Bonjour Piero !
    Des coups de zoom du bout des doigts aux plaques tectoniques, lecteurice comme une balle rebondissante,

  2. Elle ne s’appelait pas Jack, quand même ! — C’est assez étonnant l’espace du texte qui gonfle et se dégonfle (un poumon ?), d’une lettre à l’autre (la même), en passant de la question du doigt (de l’écriture) à celle de l’œil (la lecture). — Je m’interroge quand même sur le G, comme un point d’aller et retour. Mais j’ai les idées mal placées. J’ai dû trop lire Barthes et son « Plaisir du texte ».

    • Non, mais j’avais un ami qui appelait son épouse Max -mon père lui donnait un surnom en o (tout comme elle d’ailleurs) (on aime les surnoms dans la famille) (ce point est important) (aussi) (merci à toi)

  3. « en huitième l’instituteur de la rue D. qui avait les yeux qui pleuraient et une Dauphine noire  » ça c’est du zeugme! et j’aime bien cette balade sur clavier toute en digressions

    • content que tu l’aies repéré (le zeugme) (moi, dans ton texte, j’ai reconnu le soupirail) (et la rue détruite par l’Opéra – je vivais non loin, vers la place et l’hôpital – et le Palais, là-bas) (merci de passer)

  4. vous ai détesté pour l’histoire de l’ardoise… et puis me suis perdue mais pas trop alors j’ai lu à haute voix (mal mais j’étais seule à entendre et encore…) et c’était bien