#40jours #01 | Grange-Amérique

la grange, bien des années après.

L’enfant dans la grange tourne les pages du livre, c’est un enfant assis par terre dans la poussière sur le plancher qui craque sous les toiles d’araignées, c’est un cagibis caché dans un recoin de la ferme, au calme, loin des vaches agitées dans l’écurie au-dessous, un cagibis silencieux où l’on n’entend que les bêlements des moutons du pré de l’autre côté de la route où passent rarement des tracteurs verts avec des chars de paille ou des auto-chargeuses remplies d’herbe ; ils reviennent, ces tracteurs, du champ en bas le village, derrière l’usine désaffectée et les villas neuves, ils passent devant l’école, la gare, la laiterie, le parking qui fait comme un trou au milieu du village ; ils sont allés jusqu’à la ville livrer le grain, les tracteurs, ce n’est pas une grande ville, ce sont des maisons plus serrées, une abbatiale, des ponts sur la Broye et la vue sur les montagnes, des deux côtés, les Alpes et le Jura, les neiges éternelles et les pâturages, un lac qu’on devine, des terres plates par-delà les Alpes, des fleuves qui se jettent dans l’océan, des bateaux d’où l’on charge et décharge des containers par milliers dans des ports plus vastes que ce village où l’enfant, dans le livre, accoste en Amérique.

A propos de Vincent Francey

Enseignant, chanteur et clarinettiste amateur, je vis dans la région de Fribourg, en Suisse, et suis passionné de lecture et d'écriture depuis toujours, notamment via mon site a href="https://www.lie-tes-ratures.com/">lie tes ratures mais aussi sur un blog né à la suite de l'atelier d'été sur la ville : fribourgs.com. Auteur d'un livre autoédité, Je de mots, dictionnaire intime, je suis également présent sur YouTube pour, entre autres expérimentations, y parler de mes lectures.

11 commentaires à propos de “#40jours #01 | Grange-Amérique”

  1. le temps arrêté dans la grange, et une odeur de chaud qui me reviens, merci

  2. A la lecture ce qui remonte : un air plat de campagne, lourd silencieux où volent les mouches, un petit tour chez Ramuz et le souvenir ambigu de l’ennui chez l’enfant, tout autant goûté que subi…

  3. Bonjour Vincent, ce retour fulgurant vers le livre lu ce matin a été un des premiers — et j’ai su que la journée serai forte — j’adore cet effet et ce retour qui permet un nouveau départ !

    • Merci Catherine, s’agit-il d’un nouveau départ ou de relancer un chantier qui en avait besoin, je ne sais pas, mais je suis ravi de donner de la force à cette journée.

  4. Bonjour Vincent
    Un zoom arrière qui se boucle et qui recommence, avec un petit air de nostalgie…
    Merci beaucoup pour ce beau texte !

    • Merci Danièle, cette idée de simplicité me plaît, prendre les propositions au jour le jour et simplement écrire ce qui vient, puis passer à la suite.