#40jours #09 | Sac à main, Trilby et tags

Elle est dans le tram, elle aperçoit un couple, du moins pour elle ç’en est un. Ils s’apprêtent à descendre et se dirigent vers les portes. L’homme a le sac à main de sa copine au bras. Elle se dit qu’aujourd’hui les mecs s’en foutent de ça, de porter le sac de leur copine ou de leur femme, ils ne croient plus que leur virilité passe par les objets ou accessoires qu’ils arborent. Cette réflexion lui vient car elle en as connus d’une génération passée qui jamais n’auraient marché en rue un sac à main au bras ou à l’épaule. Elle descend au même arrêt qu’eux et les suit du regard. Elle ne peut s’empêcher de trouver leur attitude étrange, car on se plaît à imaginer des vies singulières aux gens qui, sans le vouloir, captent notre attention. Rien que de très banal probablement concernant ce couple : il est allé conduire une mère, une sœur ou une tante à l’hôpital accompagné de sa copine, ils rentrent chez eux et c’est lui qui porte le sac puisque c’est une parente à lui.

Cet homme, africain, chemise à grosses rayures bleu ciel et bleu foncé, blanches et jaunes, cheveux grisonnants, la soixantaine peut-être, difficile à lui donner un âge ; il porte un Trilby d’été et un masque noir à pois blancs qui ne permettent de voir que les cheveux au-dessus de la nuque et les yeux. Il tient son smartphone dans la main gauche et son regard semble songeur, perdu dans le lointain. Elle dit qu’il se voit déjà arrivé à destination. Il va embarquer dans le Thalys vers Charles de Gaulle d’où il décollera pour le Sénégal, le Cameroun ou la Côte d’Ivoire où il retrouvera sa famille qu’il n’a plus vue depuis l’éclatement de la pandémie.

Une femme descend du tram à la station Albert, elle y descend aussi donc elle la suit. C’est un mardi, il est bientôt 11 heures. La femme monte les marches au bout du quai et se dirige vers l’escalator qu’elle l’emprunte. Elle a des cheveux châtains mi-longs, est vêtue d’une sorte d’imperméable beige froissé, d’un pantalon bleu foncé, ses chaussures sont beiges également. Elle porte un sac à dos bleu foncé. Le plus plausible est que cette femme se rende à son travail dans une banque ou dans un cabinet médical, mais elle la verrait plutôt photographe passionnée de tags qui sillonne la ville avec son appareil photo pour réaliser un livre ou une expo avec les plus beaux d’entre eux.

A propos de Catherine K.

Mon nom complet est Catherine Koeckx (prononcer Kouks). Citadine depuis toujours mais avide de nature et de grands espaces que je partage par la photo ou l’aquarelle (www.catherinekoeckx.be), je suis aussi passionnée par la ville (@bruxelles_autrement). Bruxelles mais pas que... J’ai publié Le Guide lovecraftien de Providence en 2021 (disponible sur Amazon.fr ou sur commande privée). Je viens de lancer mon blog littéraire Itinéraires pluriels (https://itinerairespluriels.wordpress.com).

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