#40jours #23 | dérive

Ronces. Grillage. Haut. Terrain. Basket. Foot. Râpé. Chemin le long. Terrain vague. Zone blanche. Après le bois. Après le parc. Après le fort. Romainville. Approcher. Buissons. Déchets. Canettes. Néocodion. Capotes. Kleenex. Passage. Par-dessous. La haie. Branches. Basses. Se faufiler. Derrière. Zone. Quelques pavillons. Mille neuf cent trente. Épars. Panneau. Quatre sur quatre. Annonce. Programme. Immobilier. Longer. Panneaux. Grillage. Assez lâche. Inclinés. Renversés. Longer. Trouver un chemin. Pouvoir marcher. Sans se baisser. Herbe. Tantôt rase. Tantôt drue et haute. Aboiements. Rauques. Plusieurs. Peur. Avancer. Déboucher. Chemin de terre. Cailloux. Restes. Ferrailles. Friche industrielle. Usine. Rouillée. Containers. Cheminée. Toit. Vitré. Pans nord. Dents de scie. Crevés. Grilles. Autour. Chemin. Devient route. Bitume. Crevassé. Crainte. Avancer. Faire le tour. Plus d’arbres. Fourrés. Entremêlés. Terrain. Friche. Jachère. Perpétuelle. Poteaux. Panneaux. Béton. Clôture. Route. Infléchir. Le trajet. Arriver. Abords. Cité Gagarine. Douze bâtiments. Trois tours. Dix-huit étages. Neuf barres. De quatre à neuf étages. Grand ensemble. Enclavé. Coupé. Reste de la ville. Longer. Parapets. Bas. Plus de portails. Plus de pelouses. Chemins tracés. Par les pas. Des locataires. Raccourcis. Entre deux voies. Goudronnées. Menant aux halls. Squattés. Tags. Graffitis. Panneaux de basket. Abandonnés. Parkings. Malcommodes. Épis. Effacés. À moitié. Difficulté. Reconnaître. Espaces. Extérieurs. Pas de terrains de jeux. Boucherie. Épicerie. Peu d’espaces. De commerces. Sinon délabrés. Boulangerie Gagarine. Espérance Coiffure. Rejoindre. Avenue. Paul-Doumer. Direction. Les Lilas. Frontière. Prendre la D20. Vers le sud-ouest. CPAM de la Seine-Saint-Denis. Boulevard de la Liberté. Longer Pavillons. Immeubles. Bas. Presque tous. Entrepôts d’artisans. Dents creuses. Restaurants. Pharmacie. Bus. Circulation. Raisonnable. Piétons. Enfin.  Pardon. Non c’est moi. Plus loin. Maison de retraite. Les jardins des Lilas. Boulevard de la Liberté. Croiser. Rue de Paris. Métro. Mairie-des-Lilas. Rue du Coq-Français. Maternité des Lilas. Reconnaître. Vieux gynécologue. Parfumerie. Suivre. Rue de Paris. Commerces. Banques. Parking. Souterrain. Coiffeur. Bazar. Quincaillerie. À l’ancienne. Passer. À travers. Le monde. Trottoirs envahis. Continuer. Traverser. Périphérique. Rond-point. Au-dessus des voies. Avenue de la Porte-des-Lilas. Stations de bus. Terre-plein. Central. Aller. Vers les Maréchaux. Enjamber. Boulevard Sérurier. Boulevard Mortier. HBM. Briques. Béton. Circulation. Intense. Klaxons. Invectives. Tonnerres. Édicule. Bouche. Métro. Porte-des-Lilas. Ne pas prendre. Avenue Gambetta. Tout droit. Enfiler. Rue de Belleville. Descendre. Immeubles. Pas haussmanniens. Plutôt plâtre-ciment blanc-chaux. Télégraphe. Cimetière de Belleville. Vieilles dames. Et petits chiens. Les traverser. Pas surprises. Ne pas passer Place-des-Fêtes. Descendre. Rue Levert. Jusqu’à l’escalier. Carrefour Envierges. Troupe d’écoliers. Les traverser. Ça chatouille. S’engager. Rue des Cascades. Squat. Croiser Casque d’Or. Valser à l’envers. Regard Saint-Martin. Petite friche. En pente. Avec arbres. Buissons. Grilles. Escalier. Un ballon. Rouge. Déboule. Personne. Pas de cris. Avant le tournant. Rue de Savies. Pousser. Une porte. Fer. Anonyme. Rouillé. Grincer. Refermer. Grincer. Personne pour voir. Terrain en pente. Raide. Mais paliers. Chemin de pas. Suivre. Descendre. Sureau. Végétation sauvage. Ruines. Anciennes maisons. Quelques briques. Sur fondations. Un matelas. À quelques mètres. Abandonné. Des dizaines de rats. Autour. Frisson. Ne pas retourner en arrière. Continuer. Chemin. Sinue. Traverser. Immeuble. Trois étages. Vide. Toit. Percé. Une entrée. Une cuisine. Un couloir. Et une sortie. Le terrain vague. Avec ruines. Vieil habitat. Encastré. De maison. En maison. Ronces. Bouts de grillage. Déchets. Canettes. Néocodion. Capotes. Kleenex. Continuer la pente. Traverser. Deuxième immeuble. Deux étages. Squatté. Porche. Suintant. Petite fille. Ours en peluche. La regarder. La saluer. Timidement. Passer. Un robinet. Dépasse du sol. Encore pavé. Pour partie. Une dame noire. Foulard. Tire de l’eau. S’engage. Dans l’escalier. Branlant. Manque des marches. Ne pas renverser. Une goutte. Une cour intérieure. Un autre porche. Immeuble en meilleur état. À peine. Plâtras. Lépreux. Sortir. Rue de la Mare. Fin de la dérive. Rejoindre le métro Couronnes. Le boulevard. Rentrer chez soi.

A propos de Fil Berger

Fil Berger, je, donc, compose les textes qu’il écrit avec des artefacts sonores et graphiques et ses pièces musicales avec des artefacts d’écriture et graphiques. Le tout cherche, donc, une manière d’alchimie modeste située entre ces disciplines. Il a publié des livres d’artiste avec le plasticien Joël Leick chez Æncrages et Dumerchez. Quelques revues comme Paysages écrits, Traction Brabant ont retenu des textes. Il a travaillé et composé des pièces musicales documentées sur CD. Il a partagé pendant plus de vingt ans des moments de création avec des chorégraphes, des plasticiens, des auteurs, des improvisateurs et des compositeurs. Il a animé des ateliers d’écriture et de partitions graphiques avec des personnes de toutes sortes. Fil Berger, je, donc, est un improvisateur qui compose et performe en forgeant ses propres outils, ses champs lexicaux, ses instruments, sa présence au monde en les mettant sans cesse en variation continue. Son travail est la recherche de convergences multiples entre... l’idée et la pratique du « baroque » et... la pratique et l’idée de l’insurrection « œuvrière » autonome.

20 commentaires à propos de “#40jours #23 | dérive”

  1. Merci pour cette superbe dérive, sens à l’affût. Et plaisir de passer devant la Maternité des Lilas.

    • Merci Véronique pour ton retour !
      Je suis chaque fois vraiment très content de recevoir un petit message de connivence avec ce que je tente d’écrire.
      Merci encore !

  2. Quelle vitesse vertigineuse et quelle richesse de détails ! Adoré quand tu marches droit sur toi-même !

  3. je ne connais pas ton quartier, je ne connais rien de ce monde-là dont tu parles ou presque rien, et pourtant tu m’emmènes devant une porte rouillée, tu m’emmènes vers des ruines à la limite des mondes
    ensuite on rentre à la maison, hein?

    • Françoise, ton message m’a fait beaucoup sourire !
      Oui, ce petit monde-là est le monde des dérives de ma jeunesse.
      En ce temps-là, je tentais de faire de la psychogéographie…
      Merci pour ton retour malicieux !

  4. Je reprends mon souffle. (« Vieilles dames. Et petits chiens. Les traverser. Pas surprises. » ((plus près de la mort ces dames à chien ça protège )) Ah le vieux gynécologue est encore là? il en a vu des gosses celui-là (ça chatouille)… « Canettes. Néocodion. Capotes. Kleenex. » c’est le refrain. Formidable mouvement. Embarquée. Merci Fil.

    • Bonjour Nathalie,
      Un grand merci pour ton retour !
      Il me fait très plaisir, venant de toi, que j’aime beaucoup lire !

  5. « Troupe d’écoliers. Les traverser. Ça chatouille. » J’adore ! Je suis curieuse d’autres sensations / émotions de traversées, d’intérieurs (« Trois étages. Vide. Toit. Percé. Une entrée. Une cuisine. Un couloir. Et une sortie. « ). Je me suis demandée. Ca fait quoi de traverser les matières, le vivant ? On traverse les sensations, les émotions ? En tout cas merci pour cette nouvelle exploration urbaine parfaitement « filesque » ou « filien » (si je peux me permettre 🙂 ) !

    • Merci à toi, Émilie, pour ton retour qui me fait très plaisir !
      Je persiste à écrire « en facettes », car c’est la que je me sens le mieux…
      Encore un grand merci !

  6. toujours autant de plaisir à découvrir vos textes. Mais là je suis épuisée. Quelle verve. Merci