#40jours #33 | à hauteur d’enfant

Le pas sonore sur le pavé quand la ville est mouillée et la rue déserte, le fond de la rue dessine une courbe, le pas vient de la courbe, l’ombre de la silhouette émerge à peine, silhouette immense tirée par un molosse aux oreilles pointues, mouvement fureteur, salive invisible, crocs enfouis encore. Inquiétude. Effroi. La jeune fille blonde promène un chihuaha.

Tu risques de te faire pincer très fort. Le lapin rose est imprudent, le lapin rose a mis ses mains et la sonnerie a retenti, le lapin rose n’a plus de patte, la porte s’est refermée, le lapin rose a la gangrène, le lapin rose est assis tristement sur l’emplacement réservé aux invalides, le lapin rose a bien compris sa leçon, la sonnerie retentit, les portes se referment. Inquiétude. Effroi. L’enfant rescapé, plonge sa main intacte dans le sac de bonbons gluants, les enfourne dans sa bouche et glisse ses doigts sales sur la vitre.

La verrue du kiosquier bouge lorsqu’il sourit, il aime ses joues rebondies, il pince ses joues rebondies, il parle la voix haut perchée, le kiosquier, il sent fort aussi et la verrue bouge lorsqu’il sourit, quand il le voit il lui sourit, il se penche et il offre une sucrerie, pour rien au monde quand il sera grand il ne lira ce journal au titre cynique et provocateur, il paye et il court. Inquiétude. Effroi. A la maison, la voix enjouée de la mère, tu as pensé à prendre le Libé ? Délivré, libéré, il s’enferme dans sa chambre.

A propos de Marion T.

Après tout : et pourquoi pas ?

2 commentaires à propos de “#40jours #33 | à hauteur d’enfant”

  1. Rétroliens : #40jours #40 | L’impression très joyeuse de la connaître / pour un art poétique narcissique – Tiers Livre | les 40 jours