#40jours #33 | Tes effrois d’hôpital

Maintenant que tu es parti, que tu as repris suffisamment confiance en toi pour le faire vraiment, ce voyage, tu regardes avec condescendance, presque en rougissant, tes inquiétudes et tes effrois d’hôpital. Tu avais peur de la douleur, une peur-panique, tu la voyais partout, dans ces calmants qui ne feraient plus d’effet, dans la poche de perfusion qui serait bientôt vide, dans les infirmières occupées ailleurs et qui ne pourraient pas venir te voir quand tu appellerais, dans le moindre mouvement à faire, dans la prise du téléphone qu’il allait falloir rebrancher pour le charger, dans cet oreiller qui glissait et qu’il allait falloir remonter, dans la couverture que tu avais repoussée dans la journée et qu’il faudrait rattraper pour ne pas avoir froid la nuit, dans cette jambe engourdie qui te demandais de changer de position, jusque dans ta vessie qui voulait que tu la vides. Tu avais peur de la douleur, cette inconnue que tu rencontrais tout entière pour la première fois. Maintenant tu fais le fanfaron, une main sur le volant, le moignon confortablement posé sur l’accoudoir, fenêtre ouverte, musique qui bouge, mais si tu la rencontrais à nouveau, la douleur, même si tu n’oses pas le reconnaitre, tu sais bien que tu les retrouverais à nouveau, tes inquiétudes et tes effrois d’hôpital. 

A propos de Juliette Derimay

Juliette Derimay, lit avidement et écrit timidement, tout au bout d’un petit chemin dans la montagne en Savoie. Travaille dans un labo photo de tirages d’art. Construit doucement des liens entre les images des autres et ses propres textes. Entre autres. À retrouver sur son site les enlivreurs.

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