#été2023 #9bis | C’est la maison qui raconte

Pour l’instant

C’est la maison qui raconte, dans une langue qui n’est pas transmise intégralement.

Pour l’instant

C’est le regard qui transperce les voiles de l’ignorance. Ici ne s’affiche que l’apaisement.

Pour l’instant

C’est une voix lointaine qui s’exprime, s’ajoutant à d’autres, toutes sont embrouillées.

Pour l’instant

C’est cette quête de récit qui prend des airs transis dans la folie douce des photos d’ici

Il n’y a rien à décrire

Ces meubles cette ambiance ne vous diraient rien qui puisse vous éclairer mieux qu’elle

Il n’y a rien à décrire

Tout le vivant a disparu et la vie gigogne se rencoigne dans sa patience immémoriale

Il n’y a rien à sauver

Tous les mots font partie du matrimoine invisible et elle, le personnage absent en atteste

Il n’y a rien à sauver

Tout est perdu ou reclus au milieu des vestiges non assignés nommément car dispersés

Quelque chose insiste

Le réel s’est détaché de la chair la peau mentale s’est dissoute autour des lèvres

Quelque chose insiste

Ces sourires éternels et solubles dans le papier et ces yeux incrédules bien arrimés

L’essentiel est maintenu

A elle comme à elle ne sera pas exigé davantage aujourd’hui elles sont présences

L’essentiel est maintenu

Elle et elle sont nées ont vecu ne se sont pas connues

Une troisième vit encore et rassemble les visages pour leur parler

Qui est là

Personne

C’est simplement mon coeur qui bat

Qui bat très fort

A cause de toi

( A cause de vous toutes)

Mais dehors

La petite main de bronze sur la porte de bois

Ne bouge pas

Ne remue pas

Ne remue pas seulement le bout du doigt

Jacques prevert HISTOIRES

A propos de Marie-Thérèse Peyrin

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux... L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement.