Le grand carnet, un prologue

… carnets par superstition plus que tout ; semblables à ces coquillages vides d’avoir été ouverts | démembrés | vidés ; Ø ; quelle que soit la marque Rhodia Dingbats Beechmore Moleskine Leuchtturm1917 BITTE ZURÜCKSENDEN AN — mais à qui qui est derrière ces carnets à qui retourner ce qui ne peut être retrouvé ; quelle que soit la fermeture élastique ou pas élastique ; quel que soit le lignage lignes points ou pas de lignage ; quel que soit le format et ses noms d’autoroute – seule l’autoroute A0 n’existe pas (et cette histoire soudain comme un stimuli stimulé j’ai envie de l’écrire) ; quelle que soit la couleur de la couverture longtemps l’orange a eu ma préférence ; quel que soit le papier recyclé issu des forêts contrôlés mixte mat brillant couché texturé ; quelle que soit la nuance du papier attirance tactile — comment peut-on caresser une couleur — de plus en plus marquée pour la couleur jaune moutarde et sa chaleur ; carnets ouverts et refermés parfois comme pour en évacuer l’air et sa moisissure ; carnets de fin de la farandole, carnets des fabulettes que l’on murmure encore à l’oreiller, mais trop fatiguées pour atteindre une feuille ; et quand bien même dessins ou annotations y parviendraient les pages finiraient saturées de ratures — biffer comme on baffe de haut en bas de gauche à droite biffer le mot droit et tendre le gauche — agrafées puis cuttérisées entaillées par blocs arrachées finiraient avec les carnets démembrés comme des coquillages un jour de rangement qui ne sera jamais qu’allers et retours vers la déchetterie jusqu’à l’heure de la fermeture ; voir les carnets brûler et voir la fumée de leur vide qui monte en une colonne de couleur qu’on dirait d’encre ;
cela dit ;
tant que le destin me le permettra je continuerai à acheter des carnets avec l’espoir enfantin des cahiers neufs ; avec l’espoir un soir ou peut-être une nuit d’entendre juste le claquement de l’élastique sur la couverture de souffler la dernière bougie ; et plus rien à décrire

A propos de Xavier Guesnu

Après une formation et activité de comédien, je m'oriente pendant quelques années dans l'informatique, puis dans la remise à niveau français-mathématique des personnes en difficulté. De 1995 à 2021, traducteur anglais-français. Né à Paris en 1955, je rejoins la terre basque maternelle en 1990. Je la quitte en 2017 pour la Bretagne (Vannes), en attendant un départ vers là où finit la terre et où tout commence, comme disent les offices de tourisme finistériens !