#rectoverso #15 | composition circulaire

  1. L’atelier a toujours été prétexte
  2. L’atelier précède le texte
  3. L’atelier prétexte à procrastination
  4. Procrastiner, c’est écrire aussi
  5. L’ennui est propice à l’écriture
  6. Vraiment ?
  7. Pourquoi toujours préférer repousser plutôt que se coltiner le boulot ?
  8. Écriture photographique du réel. Couleurs, reflets, jeux de lumière. Odeurs. Matières. Clair-obscur. Appliquer le vocabulaire de la peinture aux matières qui forment le texte. Sfumato. Aplat. Lavis.
  9. Je dois faire attention à ne pas me laisser enfermer dans une sorte de boucle narrative.
  10. Je voudrais avoir fini le premier jet de ce roman fin août.
  11. Est-ce même raisonnable ? Non. Mais il faut se fixer des objectifs, sinon on n’avance pas.
  12. L’atelier permet le surgissement d’une matière inattendue, textes et idées qui ouvrent des pistes nouvelles.
  13. Tout cela, ensuite, il me faudra l’organiser dans l’ensemble général du livre, tracer les lignes directrices, fixer un plan d’ensemble.
  14. Si tu écris depuis toi, tu n’écris pas
  15. On écrit toujours depuis soi
  16. Soi n’intéresse personne, pas même toi
  17. L’universel non plus, n’intéresse personne
  18. Les livres les plus vendus sont plein de platitudes
  19. Qu’est-ce qui, dans ton récit, porte plus loin que toi ? C’est ça que je dois creuser
  20. L’écriture, c’est la mine !
  21. Tu te prends pour qui ? Tu as déjà vu des mineurs ? Fais preuve d’un peu de décence, s’il te plaît !
  22. L’écriture, c’est l’archéologie de l’intime !
  23. Tu n’en as pas marre, des points (d’exclamation, d’interrogation) ?!
  24. Tu n’en as pas marre, des phrases péremptoires ?
  25. Je me fatigue moi-même : écrire, c’est écrire, point.
  26. Commence déjà par écrire
  27. Savoir d’où j’écris
  28. Arrêter de prétendre comprendre quoi que ce soit
  29. J’écris, soit, depuis moi. Seulement en ai-je le droit ? Les souvenirs sont partagés.
  30. Écrire, c’est trahir
  31. Tu aimes bien ça, hein ? Les phrases définitives
  32. Écrivant depuis moi (entendons-nous là-dessus), j’abolis le temps
  33. Je relativise
  34. Je n’invente pas, je mets en perspective
  35. J’invente pour donner sens au réel
  36. Le passé est présent
  37. Le passé n’est qu’une reconstitution a posteriori d’un présent passé trop vite
  38. Même lieu, même figure, à l’envers. Plusieurs pistes narratives qui se dessinent.
  39. Un possible saut temporel vers l’âge adulte, pour voir comment cet innamoramento a façonné l’existence des deux protagonistes.
  40. France s’est imposée dans le livre. Je dis qu’elle n’existait pas avant, c’est faux. Elle n’avait pas ce rôle.
  41. France ne s’est imposée nulle part : c’est moi, le démiurge qui commande à mon livre
  42. Je transpose des faits. Je transmue l’eau en vin. Parfois l’eau a meilleur goût que la piquette que je sers
  43. Y revenir, au texte
  44. Le problème, avec France, c’est qu’elle a le même prénom que la soeur d’un ami très proche.
  45. France a presque le même prénom que ma soeur !
  46. France a existé. Il y a eu une fille appelée France, qui n’est ni ma sœur, ni celle de mon ami
  47. Je ne sais pas ce que France est devenue. Elle va bien, j’imagine
  48. France ne ressemblait pas vraiment à France
  49. France ne ressemble pas vraiment à France
  50. Ne l’appelez plus jamais France !
  51. France, prénom prétexte à l’écriture
  52. Seulement maintenant, elle a pris corps : j’écris France et elle existe dans mon livre. Elle a pris chair.
  53. Elle a pris cher, France !
  54. Les textes qui précèdent l’atelier n’allaient pas dans cette direction
  55. Légère variation de cap ou bien naufrage ?
  56. Merci François. Merci bien ! Je fais quoi, maintenant ?
  57. André Breton parlait de phrase tremplin, une phrase qui amorce un livre, une phrase mystérieuse, étrange, qui libère la conscience, le flux automatique des mots. L’atelier joue ce rôle pour moi : la mise à jour d’amorces de textes.
  58. Une photo, non pas une description, mais montrée à travers les émotions qu’elle suscite. « Aller au bord du gouffre qu’est la langue poétique ».
  59. La possibilité d’une anamnèse, quand Alex et Claire prennent conscience qu’ils ne sont pas fait pour être ensemble. Une autre vie les attendait, à côté de laquelle ils sont passés. MAIS : ils peuvent inventer leur futur.
  60. Écrire, c’est réécrire
  61. Je ne relis pas.
  62. Je ne numérote pas
  63. Si vous voyez des numéros, je les ai ajouté après coup
  64. À la relecture, donc
  65. Je fais mon numéro
  66. Je fais mon maximum
  67. Je suis fatigué
  68. Écrire me fatigue presque autant que le reste
  69. Le reste, je n’en parlerai pas (pitié, pas de pathos !)
  70. Écrire me fatigue mais me maintient debout
  71. Écrire pour écrire plus
  72. Écrire pour écrire plus : ça ne veut rien dire
  73. Peut-être que pour moi, si
  74. Conseil de François : « Spirale ouverte, et non parcours linéaire », ce qui n’est pas sans me rappeler la composition circulaire chère à Mendelsohn et qui m’obsède tant : « technique, fondée sur le lumineux principe méditerranéen qu’il y a bel et bien un lien entre toutes choses », écrit-il dans Trois anneaux.

A propos de Philippe Castelneau

Ma mère, professeure de danse, à l’adolescence, je me rêvais directeur de revue. Finalement, ayant aussi le goût des livres, plus tard je contribuais à créer une revue littéraire : La Piscine (aujourd'hui disparue). Je vis à Montpellier où je suis libraire. Ce métier me permet de partager quotidiennement ma passion pour les livres, tout en poursuivant mes activités d’écrivain et de photographe. Mon site : https://philippe-castelneau.com

6 commentaires à propos de “#rectoverso #15 | composition circulaire”

  1. Très chouette et tellement conforme à ce que nous vivons tous. À vous lire, on se sent moins seul.

  2. « 15. On écrit toujours depuis soi ».
    « 19. Qu’est-ce qui, dans ton récit, porte plus loin que toi ? C’est ça que je dois creuser ». Là est à mon avis l’un des nœuds de l’acte d’écrire. Nous sommes sensiblement sur la même longueur d’ondes, en tout cas sur le même chemin de recherche.
    « 29. J’écris, soit, depuis moi. Seulement en ai-je le droit ? » Je crois, personnellement, que notre seule légitimité à écrire est celle-là : écrire depuis soi vers quelque chose qui, je reprends vos mots, porte plus loin que soi. Et où finalement le soi finit par se dissoudre. A vous lire. Cordialement.

  3. précaution d’usage : avoir une éponge à portée de main pendant l’atelier pour 1.essuyer les gouttes de sueur qui perlent sur le front après écoute de certaines consignes…2.éponger les larmes après l’écriture et la lecture de certains textes….3.la jeter quand rien ne vient ou trop à la fois ou parce que parfois  » L’atelier prétexte à procrastination » ….
    J’ai jeté l’éponge pour cette #15 et je savoure les écrits des uns et des autres. Dont le tien qui contient au moins 1000 pistes de réflexion et un parfum de dérision, ma marque préférée. Merci!!