autobiographies #08 | tout ce que l’on voit sans bouger

En novembre, sur la table, un verre sans pied mais rond comme de cognac, utilisé verre à vin, liquide grenat affleurant ; le portable au cuir noir à l’étiquette qui en fait cahier à la couverture sage ; le mug à thé, pas de version française acquointante ; le vase en gros verre au col biseau offrant une fleur de bégonias rouge goutte de sang à dessous rose, une fleur bleue de lobélia outremer et une feuille jaune prononcé, ni d‘or ni de parme, d’automne ; au-delà, la porte- fenêtre qui donne sur le balcon au sapin là toute l’année et autres verdures qui font ardeur feu force, qui donnent sur la vie en face, sur des cuisines qu’on entrevoit étroites, des salons éclairés pauvrement, avec un magnifique chat blanc qui passe royalement de loin en loin, il m’arrive de demander par-dessus la rue s’il est toujours là, mon propre chien étant disparu, ils se regardaient en chien de faïence des deux côtés de la rue, n’en pensant pas moins, des carrés de fenêtres, de lumières, pauvrement éclairés, uniquement de ce point de vue d’en face ; et, chapeautant, une toiture en carreaux d’ardoises, à l’architecture recherchée, pierres de tailles entourant fenêtres, fenestraux, et chemins de gouttières courant au milieu d’icelles, cheminées de brique surmontant, dans une symétrie savamment concoctée  par des grands artistes architectes, c’est sûr, si l’on observe les motifs répétés, les corniches, les saillies, les étrécis et les encorbellements, les chiens assis élégamment encadrés de moulures sculptées ; et le ciel invisible par-dessus, pâle, un gris ivoire, un ciel sans goût, sans ombre, glacé, qui attend, qui étreint à trop scruter, qui entre dans les yeux, hante les creux, encre.