#ateliers #07 | en TGV

Sur le quai, ta mâchoire crispée s’arrache un sourire
La main levée que l’on n’arrive jamais à rejoindre
Les larmes s’évaporent en buée sur la vitre froide
Peut-on dire que l’on a dépassé la ville lorsqu’il n’y a plus que du vert?
les grands HLM s’entêtent de leur misère grise
Étouffement de la verticale que l’on quitte, presque à regret, pour filer l’horizontalité
L’attention s’endort dans le morne déroulé de la pellicule
Déjà lâchement effacée dans le ronronnement du ballast
Combien de temps avant l’oubli?
Une poignée de secondes coulent, encore humides
Un train croise dans un tremblement assourdissant de l’enfer
Accroche au passage un morceau de cœur
Le feu est rouge les barrières abaissées condamnent le quotidien
Par-ci, par-là quelques clochers pointent, entêtés dans le crépuscule
À cette heure, on a déjà répété trois fois aux enfants de rentrer
Les volets fermés sur les façades des étables
On ne distingue bientôt plus l’alternance des blés jaunes paille
Là-bas un animal apeuré – peut-être un chevreuil – se fond dans le sombre
Après je ne me souviens que de peu
Quelques points de lumière distrayant le regard
Trop bas pour être étoiles, trop isolés pour être vie
Il me semble que j’ai dû fermer les yeux par moment
Les soupirs s’alternent en pointillés,
Puis le saisissement quasi syncopal du noir
Opacité oppressante d’un tunnel qui n’a pas de fin
Je tire le rideau sur le reflet de ton visage

A propos de Géraldine Queyrel

Vend des rêves dans la vie réelle Rêve de fiction le reste du temps. Son blog : antepenultiemefr.

2 commentaires à propos de “#ateliers #07 | en TGV”

  1. Merci Danièle, surchauffé par un retour de week end noir sur les routes mon esprit a apprécié un peu trop vite l’idée rafraîchissante de monter en TGV!😅