A propos de Léa Yasmine Djenadi

Psychologue. Métisse. J'aime aussi lire dans des langues que je ne parle pas. En création d'une newsletter... (comme tout le monde, non ?)

#anthologie #04 | Habiter ou résider ?

Habiter ou résider ? Comme un foyer de braises. Foyer. Feu. Sans foi, ni loi. Sans feu, ni lieu. Je n’habite pas vraiment. Tout au plus je réside, quand je me résigne, fardeau des enfants de migrants. Je sens mes braises chuinter, quand je tente de prendre mes marques. Je me fais aux cris des mouettes et au vent froid Continuer la lecture #anthologie #04 | Habiter ou résider ?

#anthologie #03 | Le timbre

Il est où ce timbre? Je sais que j’ai des timbres, quelque part, parce qu’on ne peut plus les acheter à l’unité, on achète un carnet, un carnet de timbre, dix timbres, et que je n’ai pas utilisé dix timbres, puisqu’on ne poste plus jamais rien, d’ailleurs le prix a fortement augmenté, ça m’a tellement surprise que je me suis Continuer la lecture #anthologie #03 | Le timbre

#anthologie #02 | Le vieux salon

Il y a cette porte partant du couloir qui donne au milieu de la pièce, vue sur la grande porte fenêtre avec les rideaux de velours bleu, ni fermés, ni ouverts, voit-on dehors du dedans ou voit-on dedans du dehors ? La cheminée sur un coin de mur, sans antre, avec son carrelage, c’est original, un carrelage gris et bordeaux, Continuer la lecture #anthologie #02 | Le vieux salon

#anthologie #prologue Où étais-je avant de naître?

Où étais-je avant de naître ? dans le ventre. Je ne m’en souviens pas mais j’ai dit que je m’en souvenais. J’ai été pressée d’exister. Avant le ventre, je ne sais pas. J’ai mis des coups. J’ai frappé. Avec les pieds. Je me suis retournée. Deux fois. J’ai fait grossir ma mère. J’ai grossi. Je me suis bien nourrie. J’ai Continuer la lecture #anthologie #prologue Où étais-je avant de naître?

#P6 | Plus personne

On m’a offert il y a deux ans un carnet. Un journal. Pour « faire de sa vie un roman. » « Parce que tu aimes écrire! » Est-ce qu’on offre des peintures à lettres aux gens qui aiment peindre ? Et des boîtes de capotes à ceux qui aiment baiser ? J’ai dit merci, je crois. Tous les jours une question était posée. Continuer la lecture #P6 | Plus personne

#P6 | Livre des jours.

Aujourd’hui. Deux ouvriers sont assis sur une montagne de gravats. Il y en a un qui fume une cigarette. L’autre regarde les gens – les femmes, peut-être. Avant, c’était un bâtiment. Maintenant, c’est de la poussière. Demain ce sera peut-être de nouveau un bâtiment, avec des enfants qui crient et des vieux qui s’ennuient. Tout ça grâce à leurs mains. Continuer la lecture #P6 | Livre des jours.

#P5 | Rien autour du bruit

Rien autour du bruit, des cuillères, des tasses & des tables Suspendue à cette vie Présence qui érafle Corps entravé. Paupières scellées. Présence imprégnée dans la peau Qu’on peut pas retirer A moins de griffer avec les dents jusqu’à découvrir la chair Regarder là-bas là où c’est l’autre monde le silence le silence sans bruit et sans absence de bruit Continuer la lecture #P5 | Rien autour du bruit

#L5 | Les pays qui n’existent pas

« Il est des femmes qui naissent dans des pays qui n’existent pas. Langue absente, images défaillantes. » Le trou de la serrure, Branko Radicevic. A la descente du train, elle marche tête baissée pour longer le quai. Elle évite les fenêtres. Les fenêtres, les vitres, les miroirs. Tout ce qui donne à voir son reflet. Blanche, tel un spectre. Et la Continuer la lecture #L5 | Les pays qui n’existent pas

#P4 | Tu me soûles.

Si vous cherchez dans le Larousse le verbe « soûler », on vous référera à la proposition « ivre ». Pourtant les deux termes, bien qu’associés à la boisson, n’évoque pas la même réalité dans leur mise en expression. C’est qu’on aime ce qui nous enivre – les rencontres, les rêves, les soirs d’été en bord de mer… On se sent léger, on a Continuer la lecture #P4 | Tu me soûles.