#autofictions#03 Le Central Bar

A bien scruter l’image, on peut deviner quel est ce lieu. Sur le mur noir du fond est tagué le mot bar – ce motse conclut en une élégante boucle – et en dessous Central, le a étant escamoté dans l’angle des murs. Oui, le Central Bar. Un bar, vraiment ? Un piano. Un piano-bar ? Bien, admettons. Nous sommes dans un bistrot mal éclairé, encore que… dans le miroir se reflètent deux fenêtres et une vue vague de la rue. Sombres, le piano, la guitare du premier plan, la baffle du fond, la robe de la vieille dame et ses mi-bas noirs… mais surprise, entre les bas et la robe, éclate le rose de ses genoux, puis se révèle la clarté de son cou, de son visage et de sa longue queue de cheval, celle-là de la même couleur que la fourrure mi-blanche, mi-noire du chien qui dort sous la table. La vieille écoute le pianiste, le chien s’en fout, il se repose. À qui appartient le chien ? Comment savoir. Je parierais pour le pianiste ; il doit l’accompagner dans ses tournées, en montagne aussi. À voir sa vesture c’est un montagnard, pas mal sa tenue simple et confortable, recherchée (ou pas, le fait du hasard) au niveau des teintes, ce vert tendre de la polaire, le turquoise du foulard, et trop drôle sur son genou gauche comme une rustine bleue qui doit cacher un accroc – ou alors, c’est une fantaisie délibérée ! Le pianiste et la vieille sont bien branchés ; ils passent, c’est clair, un bon moment ensemble, à jouer, à écouter. Sur la droite de la photo, une jeunette fait signe de la main, à qui, une personne dans la salle, un copain, au photographe ? Près d’elle, on devine une autre vieille dame, enfin il faut vraiment insister pour l’apercevoir. Alors, cette équation, un bar + un piano et son pianiste + une vieille dame qui se fait plaisir + une autre qui se cache + une jeune fille rieuse + un chien impassible + des touches de couleur rouge : un rideau sur la gauche, une guitare, des serviettes en papier, une fleur dans le bouquet sur la table, et tiens, les lacets rouges des chaussures de montagne du mec + des verres, des boissons et des biscuits ou des chips. + tout le hors champ.. ça fait penser à une rencontre du 3ème type, non, je rigole, je m’égare, faut oublier Steven Spielberg… C’est en plein cœur du village le bistrot, point de rencontre des jeunes du pays, musique hurlante, du reggae, Karma de Naâman en boucle. Mais cette après midi, il a ouvert ses portes aux résidents valides de la maison de retraite et à leur animatrice. Le pianiste s’éclate à chanter pour eux Au bout de mes rêves de Goldman et On va s’aimer de Gilbert Montagné. Allez, tous ensemble :

J’irai au bout de mes rêvesTout au bout de mes rêvesOù la raison s’achèveTout au bout de mes rêves.

Allez, plus fort :

On va s’aimer, va s’aimer, va s’aimer, va s’aimer, s’aimer.

Yeah, Dance for being alive…

Un commentaire à propos de “#autofictions#03 Le Central Bar”