Ce que regardent les fenêtres #06

Songeuse elle s’approche de la fenêtre le côté gauche de sa vue comme d’habitude le côté droit obstrué par la commode des grands-parents la plante dessus qui s’épanche elle l’aime tant ne voit pas le livreur de pizza descendre de vélo ne s’aperçoit pas que l’immeuble en face se vide un à un de ses habitants elle rate le coucher de soleil et la voiture somptueuse emportant une vedette lui échappe et le trou béant apparu dans la nuit dont certains s’inquiètent lui restera inconnu non elle note que passe le chat que la femme revient de la boulangerie que la nuit tombe elle reste à ausculter ce qui ne se passe pas ce qui ne passe jamais

Résistance Des gouttes brouillent la vitre il s’approche contemple la rue noyée les toits noyés la ville noyée les perles qui se rejoignent grosses larmes quand les gifles griffent le verre qui résiste intérieur net sec extérieur à feu et à sang et va se couler dans son lit

La fenêtre de son enfance était tellement sale qu’elle était miroir qu’elle était tableau où dessiner des bonshommes des paysages de neige des visages où installer des ombres chinoises en déplaçant et réduisant les lueurs où essais de photos mais non le mieux est cette mise en scène ces profondeurs de champ à agencer ou alors c’est bien aussi c’est tellement bien se déshabiller nu nue chair argentée dorée trouée par les petits bonshommes restés sur les carreaux

Maladie Quand son corps le retient prisonnier longtemps alors il regarde la fenêtre et lui demande ce qu’elle voit