Ceci n’est pas la #7

Depuis le 13 décembre 2018, je tiens le Journal d’un mot.
Chaque jour, un mot. Un projet laconique répertorié par anticipation dans un corpus semi-fictionnel : Les Écrits-Traces de la Chenille, dont on répertorie la première mention dans La Frontière close & ouverte ( Tiers-Livre / Atelier d’été 2018 ).
Donner corps à un pied de nez que je me faisais à moi-même — éternellement languissante après la forme du Journal, sa régularité de pendule, son indépendance… — s’est révélé une solution simple à un problème longtemps considéré : et chaque jour a dûment reçu une entrée depuis décembre.
Initialement décrit comme : Un mot par jour. Chaque jour. Un seul  , le Journal du Mot tel qu’il se présente actuellement voit s’adjoindre une définition, un commentaire, un article, une phrase, selon le temps dont je dispose pour écrire.
Il allait donc y avoir un 27 septembre, au même titre qu’un 12 mai ou un 15 juillet, mais songeant à ce journal, à sa pratique et à son devenir, je décidai à la fin de l’été de ne pas le prolonger une fois atteinte la date fatidique d’un an, mais de le rebroder. Le choix de ce terme n’est pas anodin : après deux années de tapis de Sérail, un parpaing de FIL, une longue amitié avec Colbrune, l’héroïne du Nom sur le Bout de la Langue de Pascal Quignard et les rencontres successives au Tiers-Livre de Françoise Durif, Anne Dejardin et Déneb Kypros, sans parler des exhortations de François Bon à remettre sur le métier, il s’impose dans sa poésie et dans sa règle.
Je m’apprête donc à reprendre mot pour mot, jour après jour, le Journal d’un Mot dès le 1″ décembre prochain. Chaque entrée se verra donc, si le temps m’est donné, doublée, triplée, démultipliée. Et je repasserai immanquablement par le 27 septembre, une fois l’an.

Pour l’heure, je me suis fait fort de ne pas faire d’effet, de ne pas parler de vous, de nous, de Gorki, de Christa Wolf, le 27 septembre dernier, mais de laisser venir à moi le mot du jour et de l’accueillir comme je pouvais. De prime abord, j’ignorais qu’il contint une quelconque provocation, mais en le regardant de plus près avec ma loupe du CNRTL, son côté malin est apparu, qui va bien avec la façon dont j’aurai appris à faire avec les propositions du très estimé François Bon à force de le pratiquer. Grâce lui soit rendue, puisque :

27/09/19 [ GUILLERETTE ]
Il y a dans la racine de ce mot l’idée de ruse et de tromperie. C’est un trompe-la-mort, un bras d’honneur en forme de pirouette. On l’entend bien dans l’adverbe guillerettement : Mais Mlle de Garambois prenait guillerettement les remontrances
Huysmans, Oblat. Et c’est bien dans cette état d’esprit que je pédale vers la gare du Nord.

A propos de Emmanuelle Cordoliani

Joue, écrit, enseigne, met en scène et raconte des histoires. Elle a été décorée par Beaumarchais ( c'est un raccourci mais pas une usurpation ) et elle travaille avec la même équipe artistique depuis des lustres ( le Café Europa ) ce qui fait sa fierté et sa joie. Voir et explorer son site emmanuellecordoliani.com

5 commentaires à propos de “Ceci n’est pas la #7”

  1. Génial ! Extra cette idée d’un journal mot. Je veux le lire, l’acheter, l’avoir papier entre les mains… Impatiente tellement. Guillerette un avant-goût trop bien. Merci

  2. Un tapis infini de mots comme éphéméride ! Merci Emmanuelle Cordoliani et vivement le premier décembre …