Chut

Le monde d’en face est-il si convaincant qu’il faille se mettre à la fenêtre une question qui en vaut une autre dit-il dans la mémoire très loin une fenêtre haute où l’on ne perçoit que des barreaux noirs verticaux où clapote un coin tout petit comme en verre dépoli un coin de bleu tremblotant dans la blanche lumière il faut se hisser pour s’assoir contre le rebord que forme le chambranle et c’est fini pour la chambre où des oiseaux appelés canaris volettent en toute liberté puis plus tard une autre fenêtre grande et large celle-ci une porte fenêtre où l’on peut voir une rue déserte dans un arrondissement de Paris tout y est feutré les bruits mais aussi les gris du ciel ennui assuré pour le nez qui s’y colle avant le repas après le repas et puis aussi après encore bien plus tard une autre fenêtre minuscule celle-là et à petits carreaux et rideaux ajourés dentelés donnant sur la campagne cernée de murs blancs et de vert nature brins d’herbes drus et diverses feuilles de divers arbres et rigole tournoyante dans la ruelle et lui servant d’évier de lavabo de baignoire pour bébé qui ne marche pas encore puis encore enfin une dernière fenêtre mouvante et cahotante où l’oeil voit se languir une bête incroyable il aime les girafes qui défilent autour de l’étang avec leur cou désossé ce n’est pas un vrai cadeau que de se mettre à la fenêtre dit-il

A propos de Louise George

Diverses professions et celles liées au "livre" comme constantes.