demi rotation

J’ai commencé par ne pas me souvenir. Oublier d’abord. Avancer sans savoir avant, continuer à ignorer. Promener la pointe des doigts ou d’autres choses, affleurer de toutes mes surfaces disponibles, prétendre à l’équilibre, se dresser sur moins, perdre douloureusement l’autonomie de mon impuissance, achever l’état parfait du bébé impotent dans une meilleure connaissance qui jamais ne sera menée à bout. Rigoureusement caresser ce qui passe. Basculer d’un côté à l’autre, faire circuler le poids dont on prend doucement possession de la gauche à la droite puis maintenir, appuyer, tenir l’axe. Le perdre, n’y plus comprendre, sembler retrouver la droite, la savoir abstraite, imprimer malgré tout sa forme dans la paume, en éloigner timidement son être, lâcher et perdre la ligne des regards, rejoindre ce qu’elle semble être devenue. Voir les parts de soi grandir, agrandir le cercle étrange des sensations, sentir s’éloigner la possibilité d’un toucher radical, négliger le remède de l’immédiat, voir venir un soi capable de plier, déplier les bras, le laisser faire, s’astreindre à l’écouter, répondre à ses demandes et se croire lui sans l’être, ne plus s’abandonner, agir de l’autre devenu, s’y accorder. Rester cet état et ne rien résoudre.

A propos de Aristide Gripon

Rien fait vingt-six ans d'affilée.