#enfances #03 #02 | Cela n’arrive pas

Perdue. Cela n’arrive pas. Bien plutôt, j’aurais cherché à me perdre, prise de colère ou de peine ou de prière, m’en allant, courant parfois, revenant, découragée, dégoûtée de n’avoir pu aller jusqu’à la vraie aventure, se perdre, être perdue et qu’on la retrouve à la nuit tombée. A la nuit enfin tombée. Que son nom s’élève porté par des voix multiplié dans les cieux noirs que des rais lumineux balaient. Pourtant cela n’arrive pas. J’aurai eu beau marcher des après-midis entières, je m’y suis toujours retrouvée. Perdue, pourquoi ? C’est que j’aurais pu vouloir rejoindre l’intimité de mon être, la perte inaperçue, et être retrouvée.

A propos de véronique müller

même si je perds le fil, je m'en sors plutôt bien mal.

6 commentaires à propos de “#enfances #03 #02 | Cela n’arrive pas”

  1. heureux de te revoir ici (comme en #00) tourner autour de ce noyau perdu… « l’intimité », écris-tu — l’intimité n’est sans doute qu’un seuil… elle ne tire sa valeur, sa force, que de son effet de seuil (de souffle, de surprise — elle ne prévient pas… L’intimité n’est pas un refuge, pas un pays (elle ne s’arpente pas) — à la limite une zone… Peut-être ne se rejoint-elle pas mais ne fait-elle, en tous sens, porte battante, qu’être passée… liminale… Le seuil — c’est peut-être le sens de cette « nuit tombée » : tu n’y entres que pour en être tirée… double passage…
    Supposition : et si « l’intimité » était le nom de la plus personnelle, singulière (étrange) manière de se perdre ?
    (je m’entraîne aux points de suspension — que d’ordinaire je n’aime pas employer — j’ai plutôt tendance au tiret…

    • Merci beaucoup Christophe pour cette lecture très juste, avertie, de ce dont je parle, et pour ces mots, qui vont plus loin que les miens, sur l’intimité. L’intimité pourrait bien être le lieu de la perte… auquel on n’accéderait que dans le battement d’une porte…
      À la nuit tombée, ce qui est espéré, c’est qu’un nom soit donné, c’est être appelée. Qu’un nom en vienne à nommer cette perte. Ramène à l’être l’existence.

  2. Christophe, pas le temps du tout de répondre ces jours ci… Plus tard. Merci pour ton attention.
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