#été 2023 #00 (2ème proposition) I des mondes enfouis

Il y a ce livre qui m’étonne, qui m’éblouit même je pense. Qui m’inspire surtout. J’ai dû le prendre dans la bibliothèque de ma mère. C’est un temps où je ne sais pas encore grand chose de la littérature même si je lis avec délice depuis longtemps, que même, une grande partie de ma vie se passe dans les livres. Que j’attends des mots de me montrer la voie, de m’ouvrir au monde, de me le révéler autrement. Ce livre-là est une sorte d’autobiographie imaginaire, une enquête familiale. Une autrice est à la recherche de traces de son passé, de ses ancêtres. Au travers de photos anciennes qu’elle interroge, elle tente de dresser un arbre généalogique des personnalités de ceux et celles qui l’ont précédée. Elle scrute les photos, tente d’en déduire quels son leurs vies, passions, rêves, traits de caractère. Ce livre fait très forte impression sur moi. Je m’y sens attachée. Je crée un lien avec ce livre qui perdure pendant longtemps. Il m’habite. Parce qu’il va au-delà de la littérature. C’est un livre performatif. Qui me met en mouvement. Il y a dans ce principe de faire émerger des mondes enfouis au départ de photos quelque chose qui me trouble. Peut-être parce qu’il y a dans ma famille beaucoup de secrets dissimulés, d’informations perdues, d’inconnues. C’est un peu comme si le territoire familial appartenait à d’autres qu’à moi, que je n’y avais pas tout à fait ma place. Et peut-être qu’à sa façon, j’ai la sensation que ce livre me montre une voie possible. Me montre comment, au travers des mots, il est possible sinon de retrouver son histoire, du moins de la recomposer, de la recréer différemment, de combler les trous, les vides avec des mythes nouveaux ou anciens que l’on se choisit. J’oublie ce livre mais il reste là, quelque part, au fond de moi. Si il s’efface c’est peut-être au profit d’un socle qui se crée, tout au fond pour faire émerger des quêtes artistiques profondes.

A propos de Sybille Cornet

Je n’ai pas de page Facebook ni perso ni privée. Ni d’instagram. Et pas de site non plus autour de mon travail. Je sais que question communication c’est pas top. Je vis mieux dans l’ombre. Mais je travaille à tenter d’en sortir. Je suis autrice et metteuse en scène. Principalement de théâtre jeune public. Le théâtre jeune public est un milieu qui vit un peu en autarcie. On se connait tous et toutes. Et donc la nécessité n’est pas forcément là pour me pousser dans le dos. J’ai une pièce de théâtre publiée Le genévrier chez Lansman. J’ai un texte publié dont je suis contente, une ode aux pieds nus (La matière du monde) édité chez Post industrial animism. J’ai publié des textes poétiques dans un magazine que j’adore et qui s’appelle Soldes almanach, magazine assez branque sur les nouvelles utopies. Il y a une adaptation sonore d'un spectacle performance sur le Syndrôme de Stendhal que j'ai écrit et performé ici : https://www.dicenaire.com/radioautresauborddumonde . Pour le reste, j’ai écrit et mis en scène une bonne dizaine de spectacles, adultes et enfants. Ma compagnie s’appelle Welcome to Earth. J’ai aussi fait un peu de poésie sonore. Pour l’instant je monte un spectacle pour tous petits qui raconte une amitié entre deux arbres, un petit pin nain et un bouleau. Ça s’appellera sans doute Inséparables. J’accompagne une actrice slameuse qui monte un seule en scène autour de sa grand-mère et de l’avortement. Le titre : Bête d’orage. Je fais partie d’une commission qui octroie des aides à la création aux créateurices jeune public et je lis beaucoup de dossiers d’artistes. Aussi étonnant que ça puisse paraître, ça me passionne complètement. Lire des dossiers d’intention de spectacles m’intéresse parfois plus que de voir le spectacle lui-même. J’étudie aussi la dramaturgie (mais ne me demandez par contre pas ce que c’est ok ?). Ah oui, je suis belge et je vis à Bruxelles, ville que j’aime entre toutes.