#été2023 #02bis | Souvenez bien que je vous emportâmes

comme quelqu’une qui, outre murs colonnes cannelures vitrages, emporte un jour pour cause de trop d’inertie insupportable, un jour irrémédiablement affranchie des sables pelletés damés en petite et hâtive mi-saison après les violents et subits coups de mer hivernaux, lors les tombereaux de galets doux et pesants en norias nocturnes entre Durance et estran factice ravagé, littoral dénudé grossièrement gravillonneux ou lapidaire, humble, cependant que, remués translatés lors de ces grandes chevauchées grises et crues broyant les baies les caps les digues, sel iode sable aspirés battus sur les côtes ravinées les caps éboulés entaillés, sont recrachés puissantment jusqu’au fin fond des vallées pourtant serrées épaules contre épaules comme engoncées toutes enforestées et enrochées de pics baous  courtines encore enneigés, iode sel et sable tourmentés griffant et battant aux vitrages monumentaux tandis que tournent les ombres des colonnes cannelées sur les planchers techniques moquettés charbon, l’une ou l’autre, qui sait quels hasards contingences pour que je-vous ayons franchi chacune en son espace-temps le porche considérable qui nous fît nous emporter réciproquement, porche vers lequel convoie au sud la route littorale montant doucement jusqu’au dernier méplat et sa gare en cul-de-sac, porche vers lequel cascadent depuis le pic en surplomb de cité une puis deux révolutions déclives d’une quarantaine de lacets chacune se rejoignant de nouveau sous la ceinture fortifiée derrière laquelle coulevrines portes douanières arches serpentines ruelles aires circonvolutions d’escaliers piétonniers, puisque nul véhicule possible hors ces engins miniatures du moins versions augmentées de motocyclettes en triporteurs, si bien que tout visiteur véhiculé sommé de déposer contre écot son moyen de transport encombrant et puant donc inadapté dans l’un des parcs à multiples étages poutres et piliers ciment suspendus vue sur mer, et souvenir des jouets en plastique avec la petite manivelle pour remonter la Majorette en ascenseur à poulie, vue sur mer côté face et léproserie et herbacées côté pile, de la cité les contreforts longeant la ceinture fortifiée, et le mirage d’une ville défendue comme fortin, non pas défensif nonobstant dissuasif d’intrusions hors limites préétablies encouragées notamment en journée de saisons chaudes qui sont longues, lors les itinéraires de venelles de brisées d’escaliers et de places balisés provisoirement d’un dansant plafond d’ombrelles parme, leurs rangées s’amenuisant jusqu’à disparaître dès les profus commerces étincelants les plus ornés frontons les plus chantournées fenêtres et balcons parfumés passés, le circuit s’avérant court finalement, encourageant le coup d’œil et guère plus vers les rues perpendiculaires ou adjacentes vers les impasses et venelles à façades dertreuses plongées toutes étroites et tortueuses dans des effets d’ombres photogéniques et propices que peu bravent parmi les plus hardis malgré les glaires les détritus les adventices soudain apparues devant leurs sandales neuves, sauf les quelques habitants, les sautillants des petits matins d’école qui dévalent les ruelles en grappes multicolores plastiques pour gravir éparpillés les mêmes venelles pentues en fin d’après-midi, halés ou pas par des mères grises empêtrées sorties pour l’occasion d’invisibilité, les quelques hommes stagnant en divers endroits clés comme micro-commerces d’oranges de bouteilles d’eau ou bien d’emprise sur rue de cafés sommaires hors circuit d’ombrelles, terrasses clandestines où personne ne songerait à s’installer au voisinage de mines masculines autant renfrognées, ou bien hommes stagnant debout ou appuyés contre un mur une borne une fenêtre de long temps close essentiels à quelques guets inenvisageables d’où ils vaguent des uns aux autres en traînantes claquettes de piscine, stagnant ou déambulant au ralenti ou en déséquilibre certain et las, cependant que les visiteurs diurnes vêtus de lin ou voile de coton pastels travaillent à rebrousser chemin vers l’une des places ombellées à fontaines moussues, au lieu que d’autres affairés de pied en cap de gris et de rose, ou que d’autres encore venus en voisins de la plaine en méplat ou du littoral convergent tant bien que mal vers le porche monumental, alors vous ne fûtes d’aucune de ces armées, tandis que je de lin noir tout autant affairée converge et passe sous les voûtes les bras moulus de donner un coude plié à vos semblables, et quand bien même je infidèle à vous et de vous, éloignée de vous par nécessité, souvenez que je vous corps délivra un soir de mêmement inversée sautillante foulée de mien votre emmurage, que je nous infiltrâmes hors de la cité et que la nuit tombait 

A propos de Pietra Balsi

Elle s'appelle Pietra, Pietra Balsi. Elle est cilice dans sa propre chaussure. Pierre contre laquelle ils trébuchent. Elle vit dans l'angle d'un carreau de verre soufflé au grand feu mais par qui. Elle est piètre compagne. Rugueuse, elle n'est pas polie. https://pietrabalsi.blogspot.com/

2 commentaires à propos de “#été2023 #02bis | Souvenez bien que je vous emportâmes”

  1. arrivé haletant au bout de votre superbe récit, reprendre souffle, prêt pour en accueillir un autre du même tonneau, et vivent les « planchers techniques et les colonnes cannelées » !
    JMG