#gestes&usages #06 | fucking shadow work

La commission d’enrichissement de la langue française insiste pour qu’on les appelle caisse en libre-service. On se sent plus libre que devant une caisse automatique. Moins con qu’obéir aux consignes d’une caisse automate. Moins servile de satisfaire aux exigences d’une caisse de travail fantôme.

Choisir la caissière. Pas la caisse qui a le moins de caddies débordants, la plus petite file d’attente. La caissière, elle, elle seule. Attendre ? Qu’importe. A cette heure de toutes façons ils n’ouvrent que deux caisses sur dix. La caissière de mon habitude, c’est elle. Elle que je connais sans la connaître. Celle qui me reconnaît sans le dire. Celle qui jamais ne dit bonjour parce qu’elle a vraiment autre chose à faire. Elle qui ne lève jamais les yeux parce qu’elle n’est pas là pour ça. Elle qui est l’une des plus anciennes. Elle qui n’affiche aucun tatouage apparent. Elle, authentique contact humain parce qu’elle est abrupte et austère, me rassure : elle n’est pas, n’a jamais été, ne sera jamais une hôtesse de caisse.

A propos de Ugo Pandolfi

Journalist and writer based in the island of Corsica (France) 42°45' N 9°27' E. Voir son blog : scriptor.

8 commentaires à propos de “#gestes&usages #06 | fucking shadow work”

  1. Merci Nathalie. Je dois beaucoup à votre « pas d’âge d’être là » qui a ouvert le bal de ce #06. Merci de vos passages, de toutes vos écritures et de Averses votre nouveau recueil. Vos dix nouvelles sont terrifiantes et ont dans le même temps ce pouvoir de nous mettre à distance de ce qui nous terrifie. Alchimie de ce qui nous plonge dans le terrible et nous en éloigne, juste assez, presque à temps. C’est très fort. Puissant. Merci Nathalie Holt.

  2. je vais choisir de suivre le conseil du mlnistère de la Culture et non de lui obéir maintenant que j’ai fini par consentir à obéir à la quasi obligation de me servir de ce truc (en y mettant un peu de maladresse pour pimenter la chose)
    tellement d’accord avec le choix de la caissière mais celle qui lui ressemblait dans le carrefour où vais le plus souvent et qui, de plus, s’appelait Brigitte (le sais parce qu’elle reprenait vie pour aider les autres plus jeunes et qu’ion l’aoppelait dès qu’il y avait un problème) n’est plus là

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