ici

Tu l’as vu mon visage de la mort qui coule dans mes os ?

Je me souvient de rien évidemment, puisqu’il a tout inventé pour je lui faire croire — l’avait pas le choix du jeu (personne) — fallait bien faire face (ou bien la perdre avant même de l’avoir trouvée — un comble !) alors il a plâtré bricolé vaille que vaille figure convenable trafiqué une allure ravaudée à coups d’observations et analyses prudentes faites vos jeux d’il en il à tire d’ailes (comme sautant sur des pavés compter un père mathématique 1-3-5-7 sinon recommencer ou funambule sur des bords de trottoirs, regarder les filles sautiller le ciel des marelles — d’autres c’était enjamber des marches de plus en plus jusqu’à fracasboum). Il a entendu écouté récolté emballé des sons des mots des images des rumeurs des oh sensas si on a reçu brouillés cinq sur cinq les messages de qui je hais m’a mourir comment il sait plus sait plus rien a remâché le fer du goût des barreaux sur la langue quand il mordait la grille de cour d’école pour lécher son sourd froid  sanguin  — il suce le temps en pastilles croque la silhouette du départ éternel quand la voiture ronde ronne au bout de la rue scratchée brillante poussière au bord du mur de l’école des garçons, lui et son double venus du haut de la route de par là-haut après les angles droits, débarqués de la maison des riens qui va léger facile dans la vie, là voilà plantée sous sa pente d’escalier maigre de briques terreuses, d’herbe rocailles rosiers allées étroites sapins lentement devenus noirs débordants d’ombre glacée c’est comme ça quand on y pense pas de quoi en faire un plat ni des gosses bien plus malheureux c’est certain il y en a. Il a composé sa vie avec tous les visages d’emprunt du je en viager laissé le corps occuper le terrain jusqu’au masque du vieillissant qu’il rase dans la glace et bien sûr c’est comme pour la voix – il est pétri chaque fois un peu plus de l’enfoui qui transparaît sous la peau comme un calque — ce qui frémit gémit rit grimaces perdues le traverse le saisit mais lui n’appartient pas.

4 commentaires à propos de “ici”

  1. Parfait m y retrouve toutes les dread intérieures emmêlées au strident des guitares électriques porteuses fait du bien merci