Le pan du mur à gauche

Un grand morceau de crépi tombé. Une large feuille par-dessus collée, un bout d’automne dessiné, un morceau d’école. Derrière la porte des grands cartons découpés, un tipi, une maison carrée. La grande armoire qui a voyagé montée démontée. La pile des jeux entassés, regroupés, rerangés, la pile écroulée. La fenêtre et la peur qu’un jour elle pourrait tomber. La fenêtre et l’entrebailleur qu’on avait fixé. La fenêtre et un jour l’orage a tout fait claquer.

C’est là-haut au 6e étage qu’on a habité.

3 commentaires à propos de “Le pan du mur à gauche”

  1. Habiter au sixième étage avait un avantage, nous avions aisément accès au grenier de l’immeuble. Lorsque nous y allions contre la volonté de nos parents, nous y retrouvions les poupées couchées dans la poussette qui devait dater des années 20. Nous soulevions les morceaux de jute lancés sur les peintures, les canevas et parmi tous ces tableaux, on ne distinguait pas les toiles de maître des toiles de grand-mère et de la marraine de son frère. Des centaines de bocaux vides s’empilaient dans le fond, sur le pan du mur à gauche, ceux-ci servaient lorsque grand-mère confectionnait de la confiture-maison. Mirabelle, pêche et abricot, pomme, mûre et fruit des bois… Dès que quelqu’un passait, il pouvait repartir avec des provisions pour l’année entière !

  2. Habiter au 6ème étage avait cet avantage, m’avait dit le propriétaire : – C’est le grenier, vous verrez, vous y serez comme dans un magasin de jouets… Evidemment c’était moins cher. Alors j’avais posé mon lit ici, au milieu. Parfois évidemment, il y avait ces gens, qui passaient, comme si tous les jours on devait faire de la confiture de prune et que soudain on avait besoin d’un bocal. Mais ça se passait bien, ils avaient appris à me connaître… – Après tout, ils me disaient, vous, vous êtes encore plus vieux que tous ces vieux trucs du grenier ?

  3. Je me souviens de la voisine du 6ème. Une grande brune, élégante et douce. Dans mon souvenir, je crois qu’elle était mariée. J’ai toujours pris cette femme pour une danseuse, je ne sais pas pourquoi. Peut être la grâce, peut être le pas dans les escaliers… Je la revois le jour où elle est arrivée, les aller retours, les cartons pliés.. Elle avait ce quelque chose de mystérieux, celui qui fait un peu rêver.