#voyages #prologue | mélanger jusqu’à confondre

Lifou où dans la case la fumée chasse les insectes—Maripasoula quand la nuit s’ouvre aux singes hurleurs—Halifax pour le goût des œufs frits sur un dos de saumon—entre Istambul et Harem, des moules énormes farcies de riz et le parfum acidulé des fleurs—Corte quand des avocats applaudissent un assassinat—Nouméa quand Ouvéa est déclarée zone militaire sensible—Nouméa quand un médecin, secrétaire d’Etat, envisage le lâcher d’une bombe sur la grotte—Langlade où il reste des arbres—Awala où les voix autochtones interpellent—face à la mer qui se mélange au ciel—nulle part au fond—ici ou ailleurs, c’est sans importance—faiblesses ou lâchetés, un seul voyage me hante—Lise avec son violoncelle est allée mourir à Novotcherkassk—elle a traversé l’Oural, le Ienisseï, la Léna, l’Aldan, l’Amour— Elle a dit : J’ai reçu l’hospitalité parmi les Kalmouks, les Kirghis, les Cosaques, les Ostiaks, les Chinois, les Toungouses, les Yakoutes, les Bouriates, les Kamtschadales, les sauvages du Shagalien—Elle a dit : Mon voyage a duré un an et vingt-cinq jours environ—Elle a dit : Cet éternel linceul de neige qui m’environne, finit par me donner le frisson au cœur—Elle a dit : Comme dans la soirée précédente Stradivarius avait jeté au vent et à la vague ses plus touchantes mélodies—Elle a dit : On supposa que le cétacé avait été attiré par ces sons inaccoutumés—Elle a dit : J’ai la mort dans l’âme—Elle a dit : Je suis heureuse comme un galet en pleine tempête—Elle a dit : Mes douleurs croissent ; mes forces diminuent ; que devenir donc—Lise, Lisa, Élise qui fait entendre à des baleines en Sibérie le chant d’un violoncelle.

Rien de bien nouveau. Remise en forme d’un déjà écrit. Récurrence d’une omniprésence imaginée.

A propos de Ugo Pandolfi

Journalist and writer based in the island of Corsica (France) 42°45' N 9°27' E. Voir son blog : scriptor.

9 commentaires à propos de “#voyages #prologue | mélanger jusqu’à confondre”

  1. J’ai pris une claque avec l’arrivée de Lise, et cette mention qui ouvre tout en même temps qu’elle terrifie, et ce rythme qui se tisse entre les noms des lieux parcourus et la répétition « elle a dit » … c’est magnifique

  2. Un grand bonheur d’imaginer Lise en son voyage, avec son violoncelle. Tu crois que je peux refaire son voyage sur Google earth ? On peut voir la Sibérie ? Pas sûr, alors je rêve et je m’endors avec elle.

  3. Merci Ugo pour le passage par l’île de Lifou et merci au chef de la tribu Wautrano à Chépénéhé, un grand homme.