Ma poterne

La mort        est passée        hallucinations auditives et visuelles        Non        réalités autres        voix fortes entendues        odeurs d’herbe coupée et de civet        éclats de rires        durant plusieurs années        un hameau dans l’Ariège        le séjour bref        chaque été        avec les parents        chez de vieux cousins        Pauline et Zéphirin        dit Zéphir        comme le vent léger        malgré sa large carrure        dès l’arrivée        par les parfums sortant de la fenêtre        nous savions que        le repas comporterait le saucisson maison        la salade du jardin        le lapin en civet        les pommes de terre rissolées        la tomme très odorante de Bethmale        et la tarte aux prunes        d’ailleurs c’était le même        chaque année        sans surprise ni déception        l’accent occitan rocailleux de Zéphir        les souvenirs de ma mère        venue se réfugier dans ce hameau        pendant la seconde guerre        les odeurs d’herbe sèche        les deux vaches à l’étable sur le côté de la maison        l’escalier de bois qui craque  comme les vieux os des occupants       la rampe large et arrondie et l’envie de s’y lover          la maison caverne         sombre et lumineuse        hâvre de paix et repère de jeux de brigands        au flanc de la montagne        les odeurs mêlées de cire et de plats cuisinés        les voix sonores        les paniers en osier fabriqués l’hiver qui auraient pu recueillir Moise        le buffet en bois foncé et verni         repère d’assiettes bols verres plats et victuailles innombrables       les bonbons à la menthe dans le premier tiroir        la grande table        avec sa toile cirée à fleurs figées        le dessus de lit blanc au crochet        un jour tu avais volontairement fait un petit trou         pour voir ce qui allait se passer        la commode avec les photos du frère        au bras emporté à la guerre        le parquet bavard        la fenêtre sur la rue         les voisins d’en face        le banc de pierre immuable        les récits de pêche à la truite        fabuleux        les récits de longues marches en montagne        le jardin potager         le passage par le grenier pour y accéder plus rapidement        les jeux dans la paille        le réconfort profond        ressenti à chaque rencontre        l’intensité de vie        la simplicité des échanges               tout         est là        temps non linéaire                 voix fortes entendues        odeurs d’herbe coupée et de civet         éclats de rires         permanence dans l’impermanence .      

A propos de Huguette Albernhe

Plusieurs années dans l'enseignement et la recherche. Passion pour l'histoire de l'écriture, la littérature . Ai rejoint l'atelier de FB en juin 2018, je reste sur la barque. Je vis actuellement à Nice mais reste très attachée à ma région d'origine, l'Étang de Thau, Sète, Montpellier et les Cévennes.

2 commentaires à propos de “Ma poterne”

  1. Tout commence comme une histoire avec ses personnages, ses scènes de vie… et puis les images sont tellement là qu’elles finissent par prendre le pas sur l’histoire, chacune devient à elle seule une histoire ! Elles donnent envie de peindre toutes ces images ! Merci à vous.