nouvelles | Marie-Thérèse Peyrin |Trouvailles : Les livres, ce que les grands bibliophiles en disent | Bernard Noël

 […] Quoiqu’il en soit des généralités seul nous intéresse le particulier, et tant pis s’il nous conduit vers la certitude qu’il n’est pas de lieu plus adapté, plus propice à l’amour que la bibliothèque : à contretemps, à contre tout.

 L’amour des livres n’est pas que l’amour des livres : il remarque et choisit en chacun d’eux un certain volume, c’est-à-dire de la pensée, du rythme, des figures, un regard, une voix. Et pourquoi pas un cœur mis à nu en même temps qu’une tête ouverte.

Celui qui constitue une bibliothèque a devant lui plus de passé que de présent : l’infini pousse dans son dos. L’étonnant est que les noms, qu’on voit en haut des livres, peuvent devenir des rencontres, et que, au grand jeu de la lecture, la vivacité des morts l’emporte très facilement sur celle des vivants. Au fond, ces derniers sont d’emblée si nombreux qu’ils se mangent les uns les autres.

 L’un des enjeux d’une bibliothèque est d’assurer le bon voisinage de tous les temps : des vivants et des morts, des Français et des étrangers. Mais l’équilibre sera d’autant plus vif qu’on choisira des gens tiraillés par leur langue et sans cesse tentés de mettre à mal toute l’organisation qu’elle peine à construire.

bERNARD noël , POUR JACQUES MARTINEAU

A propos de Marie-Thérèse Peyrin

L'entame des jours, est un chantier d'écriture que je mène depuis de nombreuses années. Je n'avais au départ aucune idée préconçue de la forme littéraire que je souhaitais lui donner : poésie ou prose, journal, récit ou roman... Je me suis mise à écrire au fil des mois sur plusieurs supports numériques ou papier. J'ai inclus, dans mes travaux la mise en place du blog de La Cause des Causeuses dès 2007, mais j'ai fréquenté internet et ses premiers forums de discussion en ligne dès fin 2004. J'avais l'intuition que le numérique et l 'écriture sur clavier allaient m'encourager à perfectionner ma pratique et m'ouvrir à des rencontres décisives. Je n'ai pas été déçue, et si je suis plus sélective avec les années, je garde le goût des découvertes inattendues et des promesses qu'elles recèlent encore. J'ai commencé à écrire alors que j'exerçais encore mon activité professionnelle à l'hôpital psy. dans une fonction d'encadrement infirmier, qui me pesait mais me passionnait autant que la lecture et la fréquentation d'oeuvres dont celle de Charles JULIET qui a sans doute déterminé le déclic de ma persévérance. Persévérance sans ambition aucune, mon sentiment étant qu'il ne faut pas "vouloir", le "vouloir pour pouvoir"... Ecrire pour se faire une place au soleil ou sous les projecteurs n'est pas mon propos. J'ai l'humilité d'affirmer que ne pas consacrer tout son temps à l'écriture, et seulement au moment de la retraite, est la marque d'une trajectoire d'écrivain.e ou de poète(sse) passablement tronquée. Je ne regrette rien. Ecrire est un métier, un "artisanat" disent certains, et j'aime observer autour de moi ceux et celles qui s'y consacrent, même à retardement. Ecrire c'est libérer du sentiment et des pensées embusqués, c'est permettre au corps de trouver ses mots et sa voix singulière. On ne le fait pas uniquement pour soi, on laisse venir les autres pour donner la réplique, à la manière des tremblements de "taire"... Soulever l'écorce ne me fait pas peur dans ce contexte. Ecrire ,c'est chercher comment le faire encore mieux... L'entame des jours, c'est le sentiment profond que ce qui est entamé ne peut pas être recommencé, il faut aller au bout du festin avec gourmandise et modération. Savourer le jour présent est un vieil adage, et il n'est pas sans fondement.