# photofictions #04 | Mugshots

Los Angeles County Sheriff’s Department 2006
Los Angeles County Police 2007
Miami Beach Police 2007

Vous êtes riches…célèbres …Acteurs et chanteur adulés par des millions de fans. Vous êtes parmi ceux qui sont les plus photographiés…Vos effigies sont partout…sur grand écran…sur les posters dans les chambres d’ado…sur les tee-shirts…les mugs de café que l’on achète lors de soirées promotionnelles à Hollywood ou à Cannes…ou comme produits dérivés vendus lors de concerts joués à guichets fermés. Vous êtes soucieux de votre image de marque…votre arme de séduction massive…Nul besoin de passeport ou de carte d’identité…on vous reconnaît partout, avec ou sans lunettes noires, portant chapeaux et casquettes pour passer inaperçus et essayer de vivre comme tout le monde…mais votre sourire naturel ou joué pour la circonstance, attire l’hystérie des fans et les flashes des photographes anonymes ou en service commandé. On ne sait jamais si votre sourire est sincère ou plaqué pour un rôle que vous avez tenu dans un de vos films ou série, ou imposé par un coach en image, soucieux de votre réputation. En tout temps et en tous lieux vous devez être à votre avantage et toujours bankable pour les industries qui vous emploient. Mel Gibson, prenais-tu la pose devant l’objectif de l’appareil photo du shérif de Los Angeles? Pensais-tu à un casting pour un nouvel opus de la saga de « l’arme fatale »? Ou cherchais-tu à séduire un juge pas forcément cinéphile et goûtant peu aux excentricités de stars? Le regard rieur, la mise est impeccable, une mêche de cheveux nonchalamment démise, la peau de tes joues encore lisse alors que l’on pourrait s’attendre à une barbe naissante après des heures passées en garde-à-vue…En tout cas c’est ce qui se passe en France…D’accord le col de la chemise était mal ajusté, mais c’était peut-être voulu…on ne sait plus. Tu semblais frais et dispo sur cette photo diffusée par la police dans la presse « à scandales ». Ce n’était certainement pas ton meilleur rôle et je n’insisterai pas sur les raisons qui t’ont conduit en ce lieu. Dans ce pays d’où je t’écris, ton image aurait été floutée et on aurait juste mis tes initiales A voir cette photo, on peut se demander s’il n’y avait pas une équipe de maquillage qui t’avait apprêté pour cette séance anthropométrique. Toi aussi Lindsay, tu semblais être à ton avantage dans ce poste de police de Los Angeles. As tu aussi reçu un traitement de faveur comme tout bon VIP qui se respecte? Ton passage dans ce commissariat a t-il été négocié avec ton producteur ou ton agent artistique? Un commissariat de police est-il devenu un endroit chic à la mode, où l’on doit être vu? j’en doute mais je ne m’étonne plus de rien. En tout cas, ton regard lumineux, la fraîcheur de tes joues dont on peut imaginer un fond de maquillage te donnent une certaine assurance, sans oublier ce sourire ou cette moue rehaussant ton charme. Peut-être échangeais-tu avec ce policier de L.A. comme vous dîtes si bien chez vous, possiblement un admirateur, qui aura voulu te sublimer sur cette photo de fichier de police.Tes cheveux longs et blonds, mal peignés mais pas encore emmêlés, encadrent un visage ovale régulier…Toute photo d’identité judiciaire comporte des éléments d’identification. Arbores-tu des tatouages? des cicatrices? des grains de beauté et autres orgelets? La police a-t’elle phoshoppé ton image pour te mettre à ton avantage? A t-elle effacé les défauts de la peau et les autres disgrâces physiques comme si cette photo était destinée à paraître dans des magazines spécialisés? Comment a t-on renseigné la couleur de tes cheveux? blondeur naturelle ou teinture? On ne saura pas ce qui a été consigné sur la pancarte d’identification. On devine un numéro de dossier, un nom et peut-être la taille. D’ailleurs, portais-tu des talons lorsque l’on t’a fait passer sous la toise? On ne voit aucun bijou ornant tes oreilles ou ton cou gracile. Aucun de vous trois d’ailleurs ne porte de bijoux ou de lunettes..c’est la seule concession que vous ayez dû faire pour votre sécurité…on ne sait jamais, vous auriez pu les avaler ou tenter de vous taillader les veines avec un fermoir ou un cadran de montre de luxe. Et toi Justin Timberlake? Toi l’icône chantante adulée par nos ados, qu’est-ce qui t’a amené dans ce commissariat? La fureur de vivre? n’est pas James Dean qui veut. Tu veux donner par cette cette photo, l’image d’une jeunesse insouciante et turbulente, se défiant du conservatisme et des valeurs surannées de leurs ainés..C’est vrai mais ce n’est pas une généralité surtout pour une jeunesse qui ne vit pas constamment dans l’illusion du luxe, des strasses et des paillettes. Ce qui t’a amené dans cet endroit m’importe peu mais à toi, encore plus de célébrité et de publicité…on a relayé tes démêlés judiciaires sur les réseaux sociaux, t’amenant des « followers » pléthoriques sur tes comptes Tik Tok et Instagram…c’est toujours bon pour la courbe des ventes d’albums…Ton sourire rayonnant et confiant sur cette photo judiciaire donne le sentiment d’une bonne farce, sans grande importance au fond, et que tu ne risques rien en définitive…Tu as sans doute raison car on est plus enclin à pardonner les turpitudes d’une jeunesse en voie de maturation. Il faut bien que jeunesse se passe. Cette photo anthropométrique qui te met en valeur, aurait pu figurer sur ton prochain album…Peut-être est-ce le cas mais il est probable qu’elle a dû être partagée, tel un trophée, par de multiples fans, qui oublieront un jour les circonstances de cette prise de vue policière

A propos de Laurent D.

En quête de mots et d'histoires à réinventer

2 commentaires à propos de “# photofictions #04 | Mugshots”

  1. Bonjour Laurent
    Des fichiers de police pour les stars. S’en moquent-ils vraiment ? Juste une photo de plus ?
    Merci pour la réflexion et pour les questions.

    • Je n’en suis pas certain non plus…Mel Gibson aurait été fort marri que sa photo de police circule sur les réseaux sociaux et il aurait demandé à ce qu’on la retire…aux USA, n’importe quel citoyen, signalisé par un service de police, peut voir sa photo circuler dans les médias même s’il n’est pas condamné…il n’y a pas de droit à l’oubli, ce qui pose d’ailleurs des problèmes en matière de recherche d’emploi ou de logement, où un candidat à un poste peut se voir opposer sa fiche de police lors d’un entretien d’embauche…merci pour le commentaire