#photofictions #07 | soufflet

Ces couronnes de fleurs, c’est parfait. Bon on va pas prendre les corbeilles, jolies comme des cœurs comme vous êtes vous serez mieux sans. Voilà, penchez la tête chacune d’un côté, ça va donner du mouvement. On va se mettre devant les dahlias près de la grille qui va jusqu’au coin de la rue, je l’avais oubliée cette grille, ça fait très longtemps que je ne suis pas venu ici, vous ne m’appelez plus pour les photos. Qui est ce qui les fait d’habitude ? Il faut qu’on voit la maison de l’autre côté de la rue là-bas au fond, ça, donne de l’espace. Tu te rappelles la photo que tu avais faite de lui jouant avec son cerceau, tu avais beau lui dire enlève tes doigts de ton nez, rien à faire chaque fois que tu appuyais sur le bouton, hop elle les remettait. C’est pour ça que vous ne m’avez plus appelé ? Ah non, rien à voir. Bon, les enfants détendez vous ne vous inquiétez pas, après le repas vous pourrez revenir jouer. Allez, mettez vous bien, le plus grand derrière, et ainsi de suite mais essayez de vous détendre, la photo ça ne va pas vous manger, vous aurez encore tout après, regardez moi en souriant. Les mains dans les poches peut être ? Ah non, pas ça, on leur dit de ne pas le faire alors va pas les inciter. Comment tu avais fait pour la photo au cerceau, ils t’avaient complètement oublié. Le cerceau c’était plus drôle que robe blanche et couronne de fleurs sur la tête. Tu la verrais là aujourd’hui avec un doigt dans le nez ? Bon on y va, on se détend, on sourit, en voilà une on refait, le temps que je tourne la pellicule et que le numéro arrive dans la petite lucarne ronde de l’appareil à soufflet c’est bon, ça fait des grands négatifs pleins de détails vous verrez. Mettez vous derrière moi, essayez de les distraire, les grimaces ça marche avec eux ? Bon les gamins, cette fois regardez les, ne regardez pas l’appareil et puis bon sang souriez, oui je sais c’est pas drôle déjà toute la mâtinée debout et puis là. Vous êtes contents que ça soit fini faites le voir sinon on va penser que ce jour de fête n’était pas pour vous.

A propos de bernard dudoignon

Ne pas laisser filer le temps, ne pas tout perdre, qu'il reste quelque chose. Vanité inouïe.

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