#photofictions #09 | mir-al-mar

… préfère Nelly et Nelly… choisis de les appeler « Elles » — et à chacune la moitié d’une photo… mais si c’est possible…
… Donc…
… Elles arrivent sur la promenade qui borde l’océan. Elles s’arrêtent à hauteur d’un hôtel particulier. Elles viennent d’entendre un bruit de chemin de fer, celui, souterrain qui achemine les plats depuis la cuisine. Un homme, aussi prompt à jeter l’argent par les fenêtres qu’à se gaver de barbituriques, se promène dans les jardins de la villa maternelle. Il aime à venir s’y reposer entre deux romans à l’insuccès assuré. (Sans doute la contemplation des flots favorise-t-elle son projet littéraire d’une énonciation sans auteur, ni psychologie.) Pour l’heure, il apprend à son caniche à fumer la pipe et attend Michel Leiris. Les Nelly l’ignorent — quelque chose les inquiète-t-elles ? peut-être ces officiers allemands qui les dévisagent ? — lui tournent le dos. Elles photographient les deux îlots rocheux. Elles poursuivent leur chemin. Sur leur gauche, dans la salle à manger de l’hôtel Miramar, Charlie Chaplin et Churchill déjeunent. Charlot aperçoit les Nelly, les salue de la main, mais elles ne le voient pas, ou ne le reconnaissent plus. Elles arrivent à proximité d’un tunnel, creusé dans la roche dite Saint-Martin et support de l’esplanade d’une villa impériale. Incognito, Napoléon III y fume un cigare. À l’entrée du tunnel, un adolescent au corps long et maladroit, que tous appellent Xabi. Lui, il ne sait pas trop comment il doit s’appeler. Il fait ce que dit l’hôtel Miramar, ce que dit la plage du même nom, il regarde la mer, presque à angle droit du regard des Nelly. Lui est arrivé par l’accès méridional depuis la plage voisine, la plage des Fous. Le bruit de la mer, peut-être plus que sa vue, l’apaise : le fracas des goélettes sur les flancs de la Roche percée ou de la Frégate, les feux de Bengale ou fusées de détresse allumés depuis un vapeur en détresse, l’explosion des épaves que l’on coule, les cris des noyés, engloutis par les flots qui ne font aucune différence entre les imprudents et les sauveteurs…
… Donc

Mots clés : 2017 Large Automne Littoral Pays basque

A propos de Xavier Guesnu

Après une formation et activité de comédien, je m'oriente pendant quelques années dans l'informatique, puis dans la remise à niveau français-mathématique des personnes en difficulté. De 1995 à 2021, traducteur anglais-français. Né à Paris en 1955, je rejoins la terre basque maternelle en 1990. Je la quitte en 2017 pour la Bretagne (Vannes), en attendant un départ vers là où finit la terre et où tout commence, comme disent les offices de tourisme finistériens !

4 commentaires à propos de “#photofictions #09 | mir-al-mar”

  1. Ça foisonne de pistes de narrations, de romans en suspens. Le temps d’après-lecture est tellement riche. J’aime beaucoup.