Râteau

Parmi tout ce qu’on trouve sur les toits parisiens, il est un objet qui n’attire plus l’attention alors même que son utilité apparait désormais tout à fait discutable. Elle est en face, bien dressée sur son pied fixé aux tôles bleutées plus haut points de l’immeuble, dominant les champignons des chaudières à gaz. Seulement une dizaine de mètres nous séparent, le vide de la rue, infranchissable, pourtant nous appartenons au même monde des hauteurs. Un peu plus loin, il y a en a une semblable. Est-elle plus haute ? Cette impression qu’elle est plus haute pourtant, mais c’est peut-être l’immeuble sur lequel elle est juchée qui est lui-même plus haut, ou tout simplement un effet de la perspective. Formée de deux droites perpendiculaires donc, une pour monter vers le ciel, l’autre pour être à son écoute et des v variantes. Parfois une base en U au niveau du croisement du T, pour la stabilité. Parfois à l’une des extrémités de la droite horizontale un C, côté convexe orienté vers le lointain. Sur le segment horizontal, à intervalles réguliers, on trouve plusieurs petits segments. Eux aussi parallèle au sol, ils sont fixés perpendiculairement au plus grand axe. Pas de logique apparente sur le nombre de ces ergots, laissé à la discrétion du concepteur.

Si le fonctionnement de la parabole sa voisine parait plutôt logique : concentration des rayons sur la surface concave et régulière puis réflection de tous les rayons vers un même point ; celui de l’antenne râteau est plus hasardeux. Elle ressemble à un homme qui pour tenter de se noyer ouvrirait grand les bras et la bouche dans l’espoir d’absorber le plus d’eau de mer possible. Il est sans doute trop cher de les démonter et préférable d’attendre leur chute : périscope du capitaine Nemo à l’heure du sous-marin nucléaire.

A propos de Valere C

Étudiant du Master création littéraire à l'Université de Cergy-Pontoise